Lovena Sowkhee

Justicière engagée

Avocate et politicienne, Lovena Sowkhee est de tous les combats.  Candidate du Parti travailliste aux élections générales de 2020, récemment aperçue sur la plateforme des Avengers, elle dit militer pour une société plus juste et plus inclusive. C’est volontiers qu’elle s’est prêtée au jeu de notre questionnaire.

Texte : Mireille MARTIN – Photos : Brady GOORAPPA

La première chose à laquelle vous pensez le matin ?
A l’heure. Je ne suis pas une lève-tôt, mais je le fais pour m’occuper de ma fille et planifier ma journée.

Votre état d’esprit actuel ?
Je suis inquiète. Pour mon pays et nos enfants. La drogue fait des ravages chez nous.  Que font les autorités ? Comment la société pourra endiguer ce fléau ?

Avec qui aimeriez-vous avoir une conversation sérieuse un de ces jours ?
Avec Pravind Jugnauth.

Et vous lui diriez quoi ?
Monsieur le Premier ministre, ressaisissez-vous ! Regardez ce qui ce passe autour de vous. Si vous n’aimez pas votre peuple, essayez au moins d’avoir de la pitié pour lui.   

Cinq mots qui résument votre vie ?
Amour, Justice, Loyauté, Battante et Honnêteté.

Ce que vous ne rateriez pour rien au monde ?
Être aux côtés de ma fille Shalan. Elle est ma force, mon énergie, ma raison de vivre. Il y a cinq ans, j’ai eu un cancer et, grâce à elle, j’ai vécu cette maladie avec beaucoup de dignité et je l’ai vaincu.

Si vous aviez la possibilité de choisir un autre métier ?
Actrice ! (Rires). Enfant, je rêvais d’être une héroïne qui tue les méchants. Être avocate, c’est un peu jouer un rôle. En cour, on est comme l’actrice principale qui veut faire punir les coupables.

Votre devise dans la vie ?
Viser la perfection. Je suis perfectionniste et je veux faire les choses bien. J’ai connu la maladie et j’ai vu la mort en face. Cela m’a fait comprendre que la vie est courte, qu’il y a des choses plus importantes que de faire du mal aux autres.

 Votre citation préférée ?
“On ne naît pas femme, on le devient.”

Votre mot préféré ?
“Synallagmatique”. Un mot que je ne connaissais pas et que mon professeur a utilisé en cours. J’ai compris ce jour-là qu’il y avait des choses en droit que je ne connaissais pas et que je devais m’atteler à la tâche si je voulais réussir mon barreau.

Le mot que vous n’aimez pas ?
“Putain”.  Les gens l’utilisent trop souvent avec une facilité déconcertante pour dénigrer la femme. On l’utilise même dans les arguments au sein de la famille, en société.

Votre grande qualité ?
La générosité.

Un défaut qui vous joue des tours ?
Je suis trop impulsive. Je fonce souvent tête baissée et je réfléchis après.  Ma grande spontanéité ne m’aide pas toujours.

Votre grande crainte ?
La mort. Je ne veux pas qu’elle arrive trop tôt.  Il y a tellement de choses que je veux voir changer dans mon pays.  Et je veux voir ma fille grandir.

La chose dont vous êtes le moins fier ?
De ne pas faire autant que j’aurais souhaité. Quand je ne termine pas quelque chose par manque de moyens… ou de volonté.

Une réussite, une seule ?
Avoir réussi mes examens au barreau mauricien du premier coup.

Ce que vous détestez par-dessus tout ?
L’hypocrisie. Je suis mal barrée parce qu’elle est rampante en politique.

L’activité qui ne vous lasse jamais ?
Me reposer, j’adore ça ! Et aussi faire des câlins à ma fille.

La dernière fois que vous avez pleuré ?
Je ne m’en souviens pas. Je pleure rarement.

La couleur qui vous parle ?
Le Rouge. Une couleur flamboyante, belle, vivante !

Le bruit qui vous apaise ?
Le son de l’eau. Que ce soit des vagues ou d’une fontaine, cela m’apaise. L’eau c’est mon élément.

A quoi êtes-vous accro ?
A ma lutte pour la justice. Je ne peux pas me taire quand je vois l’injustice. Je fonce, quitte à me mettre en danger.

Si ce n’était pas Maurice, où aimeriez-vous vivre ?
En Thaïlande. En bord de mer, à Koh-Lanta.

Cinq personnalités qui vous inspirent ?
Hillary Clinton, Mahatma Gandhi, Marie Curie, Simone Veil, Sir Seewoosagur Ramgoolam.

L’année que vous aimeriez avoir connu ?
1835, année de l’abolition de l’esclavage à Maurice.  Je suis sûre que j’aurai participé à cette lutte.

Le dernier livre que vous avez lu ?
Obama.

Le film qui vous a fait pleurer ?
Je ne sais pas. Je pleure peu.

La chanson que vous ne vous lassez jamais d’écouter ?
“I’m alive”, de Céline Dion. C’est une vieille chanson, mais j’aime bien.

Le prénom que vous enviez ?
Aucun. J’aime bien le mien, Lovena.

La personne que vous auriez aimé être ?
Wonder Woman. L’héroïne qui combat les méchants.

La personne que vous aimeriez remercier ?
Mes parents. Ils ont fait beaucoup de sacrifices pour payer mes études de droit. Ils ont cru en moi et m’ont toujours soutenu dans tous mes combats. Ils m’ont permis d’être celle que je suis aujourd’hui.

La personne sur qui vous pouvez toujours compter ?
Je suis très indépendante et, en général, je ne compte que sur moi-même. Peut-être ma femme de ménage, Mariella ?

Si un magazine vous consacrait sa une, quel devrait en être le titre ?
La justicière !

Sur votre épitaphe, on lira quoi ?
Je ne veux ni épitaphe, ni fleurs. Je veux être brûlée, et que les gens se souviennent de moi dans leur cœur. Je veux partir en toute simplicité.

Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous qu’il vous dise après votre mort ?
“Tu as bien foutu le bordel sur la terre quand tu as questionné les codes de conduite de la société. J’espère que tu ne feras pas la même chose chez moi !”

Avez-vous menti au cours de cette interview ?
Non. Je n’ai pas honte de qui je suis. J’ai toujours assumé mes propos. Être et non paraître est très important pour moi.