Enfant de Rose-Hill

Ancien président de la Chambre de Commerce Chinoise de Maurice, membre influent de la communauté des anciens élèves du collège du Saint-Esprit et très actif à Albion, Tony Ah Yu est un citoyen engagé. Son île, il l’aime profondément son île. C’est le premier invité idéal pour cette nouvelle rubrique.

Propos recueillis par Jean-François LECKNING

Je suis né à…
Rose-Hill, rue Abbé Harel, dos-à-dos avec le Saint-Andrew’s. Avec les cousins, on y jouait au cerf-volant. J’ai une grande nostalgie de cette époque. Je repense également à la promenade Roland-Armand, que traverse aujourd’hui le métro. Je suis toujours à me demander s’il n’y avait pas la possibilité de faire autrement.

Cinq lieux à ne pas rater quand on visite Maurice ?
Le phare d’Albion, le seul en opération aujourd’hui ; le Château de Bel-Ombre, un manoir du 19^e siècle ; le sommet du Morne Brabant, symbole de liberté ; La Citadelle, fortification construite par les Anglais entre 1834 et 1840 ; et puis, le lieu du débarquement des Hollandais dans le Sud-Est.

La chose à ne pas faire ici ?
Ne jamais entamer une conversation profonde sur les différentes sensibilités religieuses. Ça peut déranger fortement.

Ma balade préférée ?
La côte sud-est reste ma préférée. On y traverse le pont le plus long de l’île. Le paysage est magnifique.

Ma plage préférée ?
La Baie-aux-Tortues, à Balaclava. A l’embouchure de la rivière Citron. L’histoire s’y est écrite, avec le débarquement des Anglais en 1810.

Le bâtiment devant lequel je m’arrête ?
Le théâtre de Port-Louis, chargé d’histoire. Si seulement ses murs pouvaient parler. Pour souhaiter bonne chance à quelqu’un, on lui dit “Merde”. Vous savez pourquoi ? A l’époque, on jugeait le succès d’une pièce de théâtre à la quantité de crottins de chevaux qu’il y avait devant le théâtre à la fin du spectacle.

Un lieu qui gagnerait à être valorisé ?
Le jardin de la Compagnie. On lui associe drogue et prostitution mais, autrefois, des familles venaient s’y promener les dimanches.

L’eye-sore qui me torture le plus ?
Nos villes sont délabrées par endroit. N’y a -t-il pas une loi qui impose la maintenance des bâtiments en centre-ville ? Un jour, une touriste m’a dit : “Vous avez les plus beaux hôtels et plages du monde mais, vous avez aussi les villes les plus laides…”

Au restaurant, je commande…
Un “Quarter Chicken” grillé à la sauce “Lemon & herbs”, servi avec du maïs et des légumes sautés.

L’expression créole que j’utilise le plus…
“Choc Samachar” ou encore “Eta zimaz.”

Cinq prénoms très mauriciens ?
Pravind, Navin, Paul, Xavier et Arvind. (Rires)

Ma chanson mauricienne de tous les temps ?
“Bhai Aboo”, de Claudio Veeraragoo. Le regretté Patrick, qui incarnait Bhai Aboo, travaillait dans la pharmacie en face de chez nous. Ça avait été élu Disque de l’année à une époque où il n’y avait pas 25 catégories par radio, mais un seul, celui de la MBC.

Le must de la littérature mauricienne ?
“Ile Maurice, Vingt-Cinq Leçons d’Histoire”, du regretté Benjamin Moutou.

Le sportif à qui je demanderais un autographe ?
Le boxeur Bruno Julie. Il restera à jamais le premier médaillé olympique mauricien. Personne ne peut lui enlever ça.

L’homme politique qui a marqué son temps ?
Sir Harillal Vaghjee. Un speaker d’une autorité et d’une droiture exemplaire.

Le député qui justifie le plus son salaire ?
Joker !!!

Qui pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Pourquoi pas Bruno Julie ? Quoique je préfèrerais quelqu’un qui n’est plus de ce monde.

Le moment où j’ai été le plus fier d’être mauricien ?
Quand on a remporté les derniers Jeux des Iles.

Vite, qu’on en finisse avec…
La prolifération des chiens errants. Il faut que les autorités agissent en créant des sanctuaires à travers l’île. Euthanasier n’est pas la solution. La stérilisation massive si. Il faut sensibiliser la population, encourager l’adoption.

Un événement qui m’a fait pleurer ?
L’accident de Sorèze, le 3 mai 2013, qui a coûté la vie à 13 personnes et fait 45 blessés.

Ce qui me manque le plus quand je voyage ?
Une bonne paire de dholl puri.

Si j’avais le pouvoir de changer quelque chose ?
Le système électoral et le découpage des circonscriptions. Le système actuel est dépassé et ne favorise pas les compétences et le mérite. Il nous faut de plus petites circonscriptions et peut-être qu’un député par circonscription…