Jean-Claude Leroy
L’arroseur arrosé !
Fondateur du site d’informations Maurice-info en 2013, membre du Media Trust, Jean-Claude Leroy est un journaliste atypique. De ceux qui ne se contentent pas de rapporter l’info et qui portent généreusement tous les chapeaux.
Passionné par son pays et par ses compatriotes, ce quinquagénaire ne sait pas dire non aux invitations. Porté par sa moto, devenue sa muse, ce grand-père de trois merveilleuses petites-filles se fait un devoir d’être présent à toutes les fonctions : séminaires, banquets, conférences de presse… “Il faut viser plus loin que l’horizon”, dit-il.
D’habitude, c’est Jean-Claude qui mène les interviews. Cette fois, nous l’avons installé de l’autre côté de la table. Autant dire qu’il s’est senti tout drôle !
✍ Anaïs MANIACARA | 📷 Manoj NAWOOR
Je suis né à… la Clinique Mauricienne, à Réduit, le 21 novembre 1964.
Le lieu à ne surtout pas rater quand on visite Maurice ? La terre des sept couleurs, à Chamarel. Il ne suffit pas d’y aller et d’emporter un souvenir. C’est plus profond que ça. C’est une énigme de la nature. Sa beauté est exaltante.
La chose à ne pas faire ici ? (En chuchotant) Parler de politique ou de la rivalité entre Manchester United et Liverpool ! Plus sérieusement, il ne faut surtout pas manquer de respect aux diverses communautés, que ce soit dans des lieux de prières ou pendant les périodes sacrées.
Ma balade préférée… Celle que je fais à moto. Je ne me lasse jamais.
Ma plage préférée… Celle de Pointe-aux-Sables, que je contemple chaque matin, au réveil, depuis ma véranda.
Le bâtiment devant lequel je m’arrête toujours ? La maison créole qui m’a vu grandir, à Beau-Bassin. Sa grande varangue a été le témoin privilégié de nos rires et bien d’autres moments de la vie familiale. Je suis toujours mélancolique quand je la vois.
Un lieu qui gagnerait à être valorisé ? Tous les lieux qui ont été associés aux années d’esclavage. Qu’on le veuille ou pas, cette histoire coule dans nos veines, elle est ancrée dans ces lieux. Suffisamment pour fouetter le sang des Mauriciens qui s’y rendent.
L’eye-sore qui me torture le plus ? Tous ces bâtiments qui n’ont pas leur place là où ils ont été érigés. J’ai beaucoup de mal à accepter la présence de certains immeubles au beau milieu d’un joli paysage.
Au restaurant, je commande… le fameux “mine bouillie, chassive de poulet.” Un must mauricien. Si je suis accompagné de ma fille, ce serait plutôt MacDo ! (Rires).
Le gajack dont je raffole… Pistaches grillés et sèves.
L’expression créole que j’utilise le plus… “Ki manière ? To corek ?”
Cinq prénoms très mauriciens ? Jean-Claude, car on en a tous connu au moins un dans notre vie. Il y a aussi Marie, Johny, Isabelle…. Ah, comment oublier l’incontournable “Chose” qui émerge au beau milieu d’une conversation. “Hey, guet chose p vini !”
Ma chanson mauricienne de tous les temps ? “Madame Eugène”, chef d’œuvre de Serge Lebrasse, à qui je rends hommage. “Pas bizin fer sa madam Eugene, sinon ou pou geign dezagreman…”
Le must de la littérature mauricienne ? “Paul et Virginie”, le roman de Bernardin de Saint-Pierre. Il n’est pas Mauricien, certes, mais il a contribué à notre légende. Il nous parle d’amour, de mauvais temps, du naufrage du Saint-Géran… Et si je te disais “Pour un jour, une nuit, redeviens Virginie” ? (Rires)
L’homme politique qui a marqué son temps ? L’honorable Paul Raymond Bérenger. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas.
Qui pour illustrer un nouveau billet de banque ? Bertrand François Mahé, comte de La Bourdonnais. Un des plus grands architectes de l’île Maurice. Il ferait un beau billet de banque.
Le moment où j’ai été le plus fier d’être Mauricien ? Lors des Jeux des îles de 2019, comme beaucoup de mes compatriotes. Nul besoin de parades ou d’autres artifices, la fierté était palpable.
Vite, qu’on en finisse avec… cette vie à cent à l’heure ! C’est presque un appel solennel. La vie est courte. Il faut impérativement prendre du temps pour soi. Pour s’autoréparer, pour profiter du moment présent avec les gens qu’on aime. Il faut leur dire qu’on les aime, avant qu’il ne soit trop tard.
Un événement qui m’a fait pleurer ? Quand j’ai vu ma fille dire adieu à sa mère qui venait de nous quitter. C’est un moment qui m’a déchiré le cœur.
Ce qui me manque le plus quand je voyage ? Le plus souvent une présence humaine, de la compagnie. Un voyage c’est bien, mais un voyage à deux c’est mieux, n’est-ce pas ?
Si j’avais le pouvoir de changer quelque chose ? Changer la mentalité des gens quand il s’agit de choses futiles. On a tendance à se fâcher ou à être contrarié par des choses qui n’en valent pas la peine. S’éterniser sur des “j’aurais dû” ou des “si j’avais su”, ça ne sert à rien. La vie est courte, il faut se concentrer sur les belles choses qu’elle nous offre, sur le présent. Et si nous vivions tous comme si demain n’existait pas ?