Priscille Brasse

Âme bucolique

Ses œuvres florales sont autant d’invitations à déconnecter avec un train-train quotidien stressant. Elles servent de décors à des événements majeurs et festifs. Priscille Brasse ne parle pas aux fleurs, mais elle a le don de les sublimer.

✍ Shareenah KALLA | 📷 Cédric D. VINCENT

Silhouette filiforme, timbre doux, minois raffiné, Priscille Brasse, née Marechal, est à l’image de ces fleurs délicates qu’elle enjolive à longueur de journées. Néanmoins, derrière cette fragile apparence, se cache une vraie guerrière. Une femme de poigne qui, d’emblée, préfère mettre les points sur les i. “Je me sens davantage créatrice que fleuriste. Je n’ai pas de boutique mais un certain talent”, sourit-elle. Priscille peut en effet se targuer d’être une artiste florale dont la renommée dépasse aujourd’hui les frontières de notre petite île.

Mais avant d’évoquer son joli petit succès, la jeune femme rouvre les première pages de son parcours. Elle parle d’un déclic, presque d’un héritage légué dès l’enfance par son papa. Une sorte de passion transmise de père en fille. Cyril Marechal vouait en effet une grande admiration pour les fleurs, les plantes, voire la nature en général. “Du coup, se remémore la jeune femme, notre maison foisonnait de belles verdures.” Priscille fait néanmoins une surprenante révélation : elle n’a pas la main verte ! “Tout ce que je plante meurt, rigole-t-elle, mais j’arrive à faire de belles choses avec les fleurs néanmoins.”

Si elle porte en elle l’amour de la nature depuis toute petite, le déclic aura véritablement lieu au pays des Kangourous. En effet, c’est en Australie, alors qu’elle étudiait pour devenir conseillère en voyages, que Priscille a développé un penchant pour les bouquets de fleurs confectionnés à la main. De retour à Maurice, sa fascination pour l’art des bouquets la turlupine. De plus, elle a toujours été portée sur les travaux manuels. Aussi, quand elle a appris qu’un fleuriste était à la recherche d’un apprenti, elle a immédiatement saisi l’opportunité.

Sous la houlette de son mentor, Priscille Brasse a appris les rudiments du métier avant d’accepter un poste de fleuriste au One & Only Le Saint Géran. Malgré sa passion pour ce métier, elle allait pourtant finir par jeter l’éponge. Une décision prise à contrecœur pour de multiples raisons, notamment un trajet trop fatiguant. Puisqu’il faut bien gagner sa croûte, la jeune femme se trouva un emploi conventionnel dans une agence de voyages, loin des senteurs florales et derrière un bureau, les yeux scotchés sur l’écran d’ordinateur et les doigts pianotant continuellement le clavier. “J’avoue que l’atmosphère y était très pesante. De plus, cet emploi ne correspondait pas à ma personnalité.” Histoire de ne pas perdre la main, de continuer à alimenter sa passion et d’arrondir ses fins de mois, elle continua cependant en parallèle à exercer sa vocation de fleuriste. Bien lui en prit.

Des créations uniques

Un beau jour, Priscille décida de laisser parler son cœur et d’affronter ses peurs. Elle claqua la porte de cet emploi qu’elle avait occupé pendant dix ans. Il faut dire qu’elle ne s’y épanouissait pas. Dans la foulée, elle prit la courageuse décision de renouer avec son premier amour : l’art de donner vie à des bouquets de fleurs.

Après des années de tâtonnements, notre interlocutrice se lança à corps perdu dans l’aventure Kekōa Floral & Event Styling. Le fait de recommencer une nouvelle carrière à zéro ne lui faisait pas peur. Sa détermination, sa persévérance, la foi dans son talent, mais surtout sa passion pour les belles fleurs, ont été les ingrédients de sa réussite. Aujourd’hui, son entreprise s’est fait un nom grâce à sa créativité et son imagination florale. C’est en effet dans sa tête que naissent ses plus belles œuvres florales. “Je pense pouvoir dire que je suis souvent inspirée. Les idées défilent sans que je puisse expliquer comment.” Ces idées ne demandent qu’à être matérialisées. Pour donner un avant-goût à ses clients, elle a recours à Pinterest. “Le but est de leur montrer une création qui se rapproche de l’idée que j’ai en tête. Je la personnalise ensuite en fonction des goûts et des besoins de mes clients”, explique-t-elle.

Priscille ne fait pas de pastiches. Chacune de ses créations est unique. A travers ses œuvres, elle dévoile un style qui laisse peu de place pour les fleurs artificielles. Aux yeux de cette quadragénaire, les fleurs naturelles symbolisent tour à tour la beauté, la fragilité ou encore la majestuosité. Réprouvant le style traditionnel, elle se donne les moyens d’évoluer dans sa créativité.

Ses œuvres avant-gardistes, publiées sur Instagram, Facebook et TikTok, interpellent également les étrangers qui se marient à Maurice et qui n’hésitent pas à retenir ses services. C’est ainsi qu’elle a récemment relevé le défi d’un “big fat wedding”. Les yeux pétillants, elle avoue que ce furent pour elle trois jours d’une intensité rare. Malgré la fatigue, les longues heures de travail et d’insomnie, elle est persuadée que cette expérience saura donner un nouvel élan à sa carrière.

Priscille Brasse ne se laisse pas griser par les compliments et son entreprise désormais… florissante, sans jeu de mots. Elle préfère ne même pas y penser et se concentrer sur son évolution créative. Bonne idée !