Rehaan Musa
Businesskid !
Rehaan Musa avait seulement 14 ans quand il a fondé Butter Chicken King, faisant probablement de lui le plus jeune entrepreneur de Maurice. Deux ans et 2500 commandes plus tard, il est pressé de s’ouvrir à d’autres perspectives.
Par Jean-François LECKNING
C’est l’histoire d’un adolescent qui se rêvait entrepreneur. L’histoire d’un p’tit gars à qui l’on a appris qu’il n’est pas interdit de voir les choses en grand.
Rehaan Musa n’avait que 14 ans quand il a fondé Butter Chicken King. C’était en avril 2021, en pleine pandémie. Parce que, oui, le roi du poulet au beurre sur la côte ouest mauricienne, c’est lui ! C’est son plat préféré depuis toujours. “Quand on vivait encore à Londres, on en mangeait tous les vendredis. C’était devenu un rendez-vous. Et moi j’adore ça !” Au point de lui donner l’idée et l’envie, en plein confinement, de se mettre en cuisine pour apporter une touche très personnelle à la recette universelle du butter chicken. Et de l’améliorer semaine après semaine, jusqu’à en faire son affaire, sa petite affaire.
Depuis, Rehaan a livré environ 2500 portions de son poulet au beurre qui fait le bonheur de ses clients. La plupart sont des fidèles de la première heure que l’étudiant du Bocage sert les vendredis seulement. “Parce qu’en semaine, il faut bien que je me concentre sur mes études”, précise-t-il, amusé. Si ça ne dépendait que de lui, l’adolescent aurait peut-être fait autrement. “Il y a encore un an, j’avais une aversion pour l’école. Faut dire que je n’étais pas très studieux et que mes notes étaient plutôt moyennes.”
Vous l’aurez compris, Rehaan est un anticonformiste. De ceux qui sont convaincus que réussir sa vie ne dépend pas du seul bulletin scolaire. Son papa, Abraar, est heureusement d’un avis contraire. Père et fils discutent beaucoup ensemble. Et le premier a convaincu le second qu’il faisait fausse route. “Il a su trouver les mots justes pour me raisonner, pour m’expliquer l’importance d’obtenir son diplôme. Du coup, si tout se passe comme prévu, j’irais à Londres pour poursuivre mes études, sans doute en business management.”
Rehaan a une grande admiration pour son père, un professionnel respecté de la finance. Leur relation est fusionnelle, c’est son inspiration. C’est lui qui a éveillé son intérêt pour les affaires et qui le conseille dans la gestion de sa TPE. “Il m’a incité à lire des livres sur l’entrepreneuriat, sur des hommes qui ont réussi dans les affaires”, explique l’adolescent.
“Je grandis, j’évolue… ”
Il y a deux ans, c’est encore son papa qui l’a encouragé à aller à Dubaï pour un stage de deux mois dans l’entreprise de sa tante Ambareen, dans le secteur des assurances. Une expérience enrichissante. “J’ai beaucoup appris auprès d’elle. J’ai eu un aperçu des différents types de problèmes qui peuvent survenir dans la gestion d’une entreprise et comment les aborder. J’ai aussi compris l’importance du rapport aux autres”, témoigne le directeur de Butter Chicken King.
Avec sa maman, Murielle, d’origine française, le rapport est différent, plus maternel. “Mais elle croit en moi et m’encourage à sa façon, ce qui est précieux, inestimable. C’est aussi elle qui m’aide pour les livraisons.”
Né à Londres, Rehaan avait neuf ans quand ses parents sont venus s’installer dans le baie de Tamarin. Un choix qui a fait son bonheur et celui de son aîné de deux ans, Imraan. “A Maurice, il y a tout ce qu’il faut pour être heureux : le soleil, la mer et la gentillesse des gens.”
Rehaan a toujours aimé la cuisine. Petit, il était dans les jupes de sa grand-mère Marie-France. “A chaque fois qu’elle essayait une nouvelle recette, j’étais le premier à vouloir goûter”, sourit-il. “A 13 ans, elle m’a offert un stage de découverte à l’institut Paul Bocuse de Lyon. J’y ai appris les bases de la cuisine.”
Il n’est pas dit que Rehaan veuille faire grandir Butter Chicken King. Si, un moment, il avait pensé à développer le concept d’un curry fast-food à Londres ou à Paris au terme de ses années d’études, il est aujourd’hui dans une énergie et une dynamique différentes. “Je grandis, j’évolue… Et le monde change. Il y a aujourd’hui tellement de possibilités. J’ai envie de faire autre chose, de me lancer dans d’autres secteurs d’activités comme la finance ou le sport, mais rien n’est sûr. Possible aussi que je resterai dans la restauration”, poursuit ce passionné de fitness et fan invétéré d’Arsenal.
Si Rehaan s’est lancé dans les affaires à un si jeune âge, c’est aussi pour inspirer d’autres adolescents. Pour leur prouver qu’il est tout à fait possible de concilier études et entrepreneuriat. “Croyez en votre potentiel, en votre projet ; n’écoutez pas ceux qui cherchent à vous décourager. Foncez !”, conclue celui qui a fondé, il y a quelques semaines, la MYES, la société des jeunes entrepreneurs de Maurice.