PRESCILLA RAYAPEN
Sans complexe !

Arrivée en Belgique en 1993, Prescilla Rayapen s’est battue pour elle, pour ses trois enfants. A 48 ans, cette Mauricienne pleine d’entrain continue de poser sans complexe devant les caméras, pour le plaisir. A travers ses photos, elle voudrait inspirer d’autres femmes à ne pas se laisser aller même si leur quotidien n’est pas toujours facile.

Entretien : Axelle GAILLARD
Photos : Dili CAGLAN et Michel MULHUYZEN

Prescilla Rayapen a participé à plusieurs concours de beauté, comme Miss Carnaval ou encore Top Woman Belgique.

 

Prescilla Rayapen a 26 ans quand elle arrive en Belgique. Cela fait alors un an qu’elle est mariée. Originaire de Curepipe, elle rêve d’un monde meilleur, d’un monde prometteur. Mais, même si elle ne nous le dit pas de façon explicite, elle découvre que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. Parfois même, le gazon est artificiel… Souvent, nous regardons ailleurs, peut-être parce que nous ne réalisons pas ce qu’il y a de beau autour de nous et, forcément, nous rêvons de promesses de bonheur.

Au fur et à mesure de grandir, avec intelligence et discernement, Prescilla prend conscience de l’ici et du maintenant. Elle fait alors le tri de ses désirs, surtout des plus inutiles, et décide de ne plus vivre dans l’illusion. Et c’est ainsi que la jeune femme s’intègre à ce pays d’adoption qui voit par la suite naitre ses deux premiers enfants, Frédéric et Gwendoline. Son aîné a aujourd’hui 23 ans et la cadette 18 ans. “J’ai élevé mes enfants à la mauricienne, avec des valeurs que je reconnais et, comme je le dis souvent, avec l’éducation que ma maman nous a donnés.”

Elle se sépare par la suite de son mari, se retrouve seule dans un combat que beaucoup de mamans célibataires connaissent. “La solitude est très difficile dans un pays qui n’est pas le nôtre, dans un monde souvent hostile dans lequel les personnes sont égoïstes, mal polis et avec une mentalité différente. Mais je n’ai aucun regret”, confie-t-elle. Dans les grandes villes, c’est effectivement chacun pour soi le plus souvent. Les gens ne se soucient pas du voisin, de la personne seule ou en détresse. Mais Prescilla est une battante, elle tient la barre pour ses enfants et avance.

Une maman heureuse

“Depuis toujours, j’aime la mode, la photographie et les paillettes. J’aime prendre la pose pour mon nouveau mari, un photographe reconnu. J’ai aussi transmis ce virus à mes enfants”, sourit notre compatriote. En 2006, Prescilla Rayapen a en effet refait sa vie avec Michel Mulhuyzen, qui est tombé sous le charme de cette belle métisse mauricienne. Lui est Hollandais, passionné de photographie, et trouve en sa femme une muse parfaite. Ils habitent la ville de Nivelles, en Wallonie. De leur union nait Jayden, 13 ans. Ses fils aussi ont déjà participé à des concours. Frédéric s’est classé troisième à Top Model Belgique et Jayden a lui remporté un concours organisé par la presse. Quant à Gwendoline, “elle a eu un souci à la naissance et a un retard d’apprentissage”, raconte la maman. “Mais en Belgique, elle bénéficie heureusement d’aides médicales adaptées et elle ne se débrouille pas si mal. Mes enfants sont ma fierté !”

Prescilla est responsable d’entretien dans une maison de repos. Elle est souvent contactée pour faire partie du jury de certains concours de beauté et participe aussi à d’autres, comme Miss Carnaval ou encore Top Woman Belgique. Ce dernier concours bouscule les codes de beauté traditionnels puisqu’il privilégie l’état d’esprit des candidates à leurs mensurations. La gagnante est généralement celle qui parvient à dépasser ses complexes. “La Top Women est choisie en fonction de son évolution pendant l’aventure, mais aussi de son empathie envers les autres candidates, de son enthousiasme et de sa prestation lors de la finale. Je n’ai pas gagné, mais c’était pour moi une belle expérience.” L’âge n’est pas un frein pour cette quadragénaire qui s’assume parce que, dit-elle, “c’est dans la tête.”

Notre interlocutrice se dit “très attachée à mon île Maurice natale et très proche de ma famille, de ma maman.” Tous les deux ans, la famille vient en voyage à Maurice. La maman de Prescilla a 72 ans et cela devient compliqué pour elle de voyager. “Donc c’est nous qui venons ! Et là, évidemment, je profite de la nourriture du pays, histoire de retrouver les saveurs de mon enfance et les bons plats de maman.” Elle ajoute : “Je fais aussi le plein de gentillesse quand je suis à Maurice. Les gens ne sont pas toujours sympas en Europe ; ce n’est pas du tout la même mentalité, pas du tout le même mode de vie qu’ici.”

Mais Prescilla est heureuse et bien dans sa tête et dans sa peau. Elle a su se créer une vie épanouissante et riche en rencontres positives. Elle aime les fleurs, particulièrement les orchidées, et apprécie les soirées dansantes avec son mari. De quoi appréhender l’avenir sereinement.