L’infiniment petit

Par Jean-François Leckning

J’avais envisagé, un instant, de vous parler de ce qui nous préoccupe le plus ces derniers temps.

De cette police infamante, puante, mesquine, totalement à la solde du pouvoir… Du harcèlement systémique dont sont victimes les plus farouches opposants du parti orange… De ces nouvelles lois abjectes qui restreignent un peu plus nos libertés fondamentales… De cette mafia qui s’est appropriée l’organisation des courses de chevaux et qui ne se gêne pas pour effacer deux siècles d’histoire… De cette bataille légale livrée à Londres pour déterminer l’équité des dernières élections dans la huitième circonscription…

Je me suis ravisé. Je dois dire que l’infiniment petit ne m’intéresse pas beaucoup ces jours-ci.

En lieu et place de ces éternels apitoiements, j’aimerais plutôt étendre l’échelle de nos consciences. Parler de l’infiniment grand, histoire de mieux mesurer l’absurdité des charognards qui jouissent de leur emprise sur cette île ; misérable parcelle de la Terre, macadam de la Voie Lactée, poussière de l’univers…

Cette pathétique quête de pouvoir et de puissance n’est cependant pas nouvelle. Ni exclusive à ceux qui agitent le microcosme mauricien. L’homme, où qu’il soit, a toujours eu un égo surdimensionné. Depuis la nuit des temps, il croit être le joyau de l’évolution, le centre de tout.

Il suffit de lever les yeux au ciel pour comprendre la place qu’il occupe réellement. Pour comprendre qu’il n’habite qu’une planète parmi tant d’autres. Un minuscule point bleu en rotation autour de son étoile, le soleil. Une étoile naine et fade si on la compare à de nombreuses super géantes comme Uy Scuti, cinq milliards de fois plus grande que le soleil, étincelle presque anonyme dans la hiérarchie stellaire.

L’univers visible pullule d’étoiles. Il est estimé qu’une seule galaxie en contiendrait entre 100 et 400 milliards. Pour l’ensemble de l’univers observable, cela ferait à peu près 400 sextillions d’étoiles. Ce chiffre vous donne le vertige ? Faisons plus simple alors… Un sextillion c’est dix suivi de 36 zéros. Il y aurait donc autant d’étoiles dans l’univers que de grains de sables sur toutes les plages de la terre. Et considérant qu’une planète au minimum orbiterait autour de chacune de ces étoiles, cela ferait donc cent milliards de planètes rien que dans la Voie Lactée !

Avec une telle profusion et face à des échelles aussi astronomiques, comment penser que nous sommes seuls ? Comment penser que la Terre est le centre de tout ? Pire encore, comment ne pas trouver insignifiante, burlesque et pathétique l’actualité de notre macadam mauricien autour de ses Jugnauth, Phokeer, Jagai, Lee Shim et Singh ?

Désolé pour cette mise en perspective, j’en ressentais le profond besoin…