Laura Mooneesamy
Partie de rien
En 2010, Laura Mooneesamy donne naissance à Gold Models, une agence de mannequins. Tenace et résiliente, elle s’obstine à défier obstacles et préjugés. Douze ans plus tard, la jeune femme a fait de son agence une référence de l’industrie de la mode. Epouse et mère de famille, elle avance avec optimisme dans la vie, convaincue que tout est possible si l’on se donne les moyens. Elle est l’invitée de notre questionnaire.
✍ Anais MANIACARA
📷 Atish JORY
La première chose à laquelle vous pensez le matin au réveil ?
Je me réveille d’instinct avec le lever du soleil. Mon premier réflexe est de me demander quel jour on est.
Votre état d’esprit actuel ?
Optimiste. L’événementiel, notre secteur d’activités principal, a été touché de plein fouet par la pandémie. Voir que la situation s’améliore me donne la force de penser que tout ça est derrière nous, que des jours meilleurs nous attendent. Nous avions tendance à prendre les choses pour acquises et la pandémie a été une sorte de rappel à l’ordre. Aujourd’hui, ma perception est différente, j’avance avec plus d’optimisme.
Avec qui aimeriez-vous avoir une conversation sérieuse un de ces jours ?
Avec ma polyarthrite rhumatoïde. Je vis avec depuis huit ans.
Et vous lui diriez quoi ?
“Quand te décideras-tu à dégager ?”
L’expression qui vous poursuit ?
“Tu es une battante.” On me l’a répété souvent. C’est vrai que j’ai su foncer et me diversifier sans jamais rien lâcher. Quand j’ai démarré Gold Models, le mannequinat n’était pas perçu comme un métier. Les choses ont beaucoup évolué depuis. Je ne me suis jamais laissée intimider par les difficultés.
Cinq mots qui résument votre vie ?
Entreprenariat. Famille. Générosité. Spontanéité. Accomplie.
La chose que vous ne rateriez pour rien au monde ?
Le câlin de mon fils, ma drogue ! Il n’y a rien de plus réconfortant. Rafael a six ans. Les câlins parents-enfants sont essentiels au bon développement de l’enfant et de la relation.
Si vous aviez la possibilité de choisir un autre métier ?
Ce serait dans le social. J’aurai aimé apporter mon aide à ceux qui sont dans le besoin. Peut-être à ma retraite, qui sait ?
Votre devise dans la vie ?
“Ta vie est le reflet de tes choix ; ton présent est la conséquence d’un choix que tu as fait à un moment donné.” Accepter et assumer ses choix, c’est vivre sans regret.
Votre citation préférée ?
“Il n’y a qu’une façon d’échouer, c’est d’abandonner avant de réussir.” Comme tout le monde, j’ai connu des moments de faiblesses et d’incertitudes. Bien souvent, dans ces moments-là, j’ai eu la chance d’avoir les bonnes personnes à mes côtés. Celles qui ont su m’aider à me ressaisir quand je n’y arrivais pas seule. Quand je me retrouve seule face à mes craintes et mes doutes, je me raccroche toujours à cette citation.
Votre mot préféré ?
“Evolution”. Il est vital d’évoluer en permanence.
Le mot que vous n’aimez pas ?
“Découragement”. Je ne supporte pas quand on essaie de me décourager.
Votre grande qualité ?
Mon empathie. Je partage facilement la douleur des autres.
Un défaut qui vous joue des tours ?
Le fait de faire trop facilement confiance aux gens.
Votre grande crainte ?
De ne pas être là pour voir mon fils adulte. Je voudrais être à ses cotés à différentes étapes de sa vie, qu’il ait 20 ou 50 ans.
La chose dont vous êtes le moins fier ?
De ne pas avoir poursuivi mes études universitaires.
Une réussite, une seule…
Ma nomination, en 2019, au IBL Tecoma Award du magazine Eco Austral, qui récompensait le meilleur entrepreneur de l’année. Des cinq nominés, j’étais la seule femme. J’en avais toujours rêvé !
Ce que vous détestez par-dessus tout ?
La nonchalance. J’ai souvent l’impression que les gens manquent d’ardeur. C’est peut-être moi qui vais trop vite et qui attend trop des autres. Je leur laisse le bénéfice du doute.
L’activité qui ne vous lasse jamais ?
Passer du temps avec mes sœurs, Nathalie, l’ainée, et Priscilla, la benjamine. Notre relation est fusionnelle. Nous pouvons passer des heures entières au téléphone sans nous soucier du temps.
La dernière fois que vous avez pleuré ?
Joker !
Le remord qui vous poursuit ?
Celui de n’avoir pas eu la possibilité de dire adieu à mon papa, emporté par la Covid l’année dernière. J’aurais voulu être à ses côtés avant son départ, l’accompagner, lui dire que je l’aime. Le temps ne pourra jamais effacer la douleur engendrée par cette séparation subite.
La couleur qui vous parle ?
Le vert, qui symbolise la nature, l’équilibre et le progrès.
Le bruit qui vous apaise ?
Le clapotis des vagues, mon éternelle thérapie.
A quoi êtes-vous accro ?
Fièrement, je dirais à mon travail. Moins fièrement à mon téléphone, que je ne quitte jamais des yeux.
Si ce n’était pas Maurice, où aimeriez-vous vivre ?
J’ai eu la chance de souvent voyager. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs.
Cinq personnalités qui vous inspirent ?
La top model Naomi Campbell et la rédactrice en chef de Vogue, Anna Wintour. Deux icônes de la mode. J’ajouterai Bill Gate, le roi de l’informatique, Linzy Bacbotte pour son parcours admirable, et le Mahatma Gandhi, guide spirituel et défenseur infatigable des droits de l’homme.
L’année que vous aimeriez avoir connu ?
Celle où il n’y avait ni réseaux sociaux, ni téléphone portable. La vie serait différente si nous n’étions pas prisonniers de nos écrans.
Le dernier livre que vous avez lu ?
“La Carte magique”, un roman jeunesse écrit par talentueuse Yianna Amodine. C’est un livre que je recommande fortement. Je l’ai lu à mon fils.
Le film qui vous a fait pleurer ?
“Still Alice”, dans lequel Julianne Moore joue le rôle du Dr Alice Howland, une quinquagénaire atteinte de la maladie d’Alzheimer. Un film bouleversant qui nous rappelle que notre vie peut basculer à tout moment.
La chanson que vous ne vous lassez jamais d’écouter ?
“New York”, le tube incontournable d’Alicia Keys. “Concrete jungle where dreams are made of, there’s nothing you can’t do… New York… ”
Le prénom que vous enviez ?
Aucun. Laura c’est joli n’est-ce pas ?
La personne que vous auriez aimé être ?
Sans prétentions, moi-même ! (Rires) J’aime ma vie, qui je suis et tout ce qui en fait partie… Je ne voudrais rien changer.
La personne que vous aimeriez remercier ?
Mes parents. C’est principalement grâce à eux que je suis une femme forte et remplie de valeurs.
La personne sur qui vous pouvez toujours compter ?
Mon époux Pascal. C’est un homme juste et franc qui me prodigue toujours de bons conseils.
Si un magazine vous consacrait sa une, quel devrait en être le titre ?
“A Success Story”, car j’ai construit ma carrière en partant de zéro. C’est ma plus grande fierté.
Sur votre épitaphe, on lira quoi ?
Je souhaite être incinérée. On ne risque pas de trouver une épitaphe à mon nom.
Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous qu’il vous dise a votre mort ?
“Laura, tu as fait de bonnes actions sur terre. Je te permets d’y retourner. Allez hop ! Un billet aller simple !”
Avez-vous menti au cours de cette interview ?
Absolument pas.