Javed Bolah
Il ne s’exprime plus autant qu’avant, préférant sans doute consacrer son énergie à ses mille et un projets professionnels. Mais sa plume reste vivide, acerbe… Quand Javed Bolah sort de son silence pour dépeindre l’actualité ou la société, il sait poser des mots sur les maux. Journaliste de formation reconverti dans la communication et les relations publiques, il a pourtant fait le choix de rester discret pour mieux centrer son expertise sur des analyses précises et pertinentes plutôt que de faire le buzz sur les réseaux sociaux. Malgré les blessures qu’il a traînées après s’être retrouvé au chômage du jour au lendemain dans le sillage de l’affaire BAI, dont il était le responsable de com, il a eu la force de se relever pour se réinventer. Aujourd’hui, Javed dirige Cerebro, son cabinet de conseils en communication et stratégies, en même temps qu’il a posé un pied ferme chez Etiquette Africa. Portrait chinois.
📷 Yannick AUGUSTIN
UNE CITATION. “I cried because I had no shoes, until I saw someone who had no feet.” (Helen Keller). Nous avons souvent l’impression que nos difficultés sont insurmontables, mais cette citation nous rappelle qu’il y a toujours quelqu’un qui traverse des épreuves plus graves.
UNE ANNÉE. 2021. Elle a testé notre humanité. Malgré les défis du confinement, la peur, elle a révélé la force de la solidarité et l’importance de prendre soin les uns des autres, réaffirmant notre capacité à nous unir dans l’adversité. Ce sentiment s’est sublimé en 2024.
UNE ARME. La parole. Une arme puissante capable de blesser, mais surtout de guérir. Une voix sage transmet des messages de paix, d’amour et de solidarité.
UN BRUIT. Celui de ma respiration avant que je ne réagisse à un moment de colère. Sous tension, nous sommes souvent impulsifs et nous le regrettons après. Depuis quelque temps, dans des moments pareils, j’essaie de ralentir pour entendre ma respiration. Cela ne veut pas dire que je ne ressens pas la colère, mais j’apprends à la canaliser, à la gérer…
UN CHIFFRE. Le 1, qui représente l’unité, la singularité… Il s’élève comme une fête flamboyante, énonçant à tous les cœurs que “la vérité est unique”. Lors de la prière, le musulman s’incline, la tête touchant le sol : “O toi, l’Unique, je suis ici, un humble grain de sable dans ton immensité.”
UN DÉFAUT. La naïveté. J’aime bien croire en la bonté des autres, même si c’est un peu comme chercher un trésor enfoui dans le sable. Amusant, mais parfois je me fais pincer par les crabes ! Malgré tout, mieux vaut être un optimiste naïf qu’un pessimiste aigri, non ? Alors, oui, j’ouvre mon cœur, mais je garde mon portefeuille à portée de main.
UN ÉLÉMENT. L’eau, source de vie et symbole de purification. L’eau nourrit les âmes et lave les blessures, apportant réconfort et renouveau. L’eau s’adapte et se faufile entre les rochers de la vie. Elle a cette incroyable capacité à croire en la beauté de chaque goutte, même celles qui, au départ, semblaient un peu troubles.
UN FRUIT. Le melon d’eau. Par ses qualités exceptionnelles tant sur le plan gustatif que nutritionnel, c’est pour moi le meilleur des fruits. Je pourrais en déguster tous les jours.
UN HOMME POLITIQUE. Nelson Mandela, que j’ai eu la chance de rencontrer en Afrique du Sud peu de temps avant son décès. Un moment marquant de ma vie. Ce grand homme charismatique, avec son sourire chaleureux, m’a impressionné au-delà des mots. J’aurais aimé immortaliser cet instant, mais je n’avais pas de téléphone adapté aux selfies sur moi à l’époque.
UNE INVENTION. Le téléphone mobile justement. Bien plus qu’un simple gadget, c’est un outil critique qui nous connecte, nous informe et nous divertit, constituant une partie intégrante de notre quotidien. Dans un monde en constante évolution, il est difficile d’imaginer notre existence sans cette petite merveille technologique.
UN JOURNALISTE. Moi-même ! (Rires). Durant mes jeunes années de journaliste, tant ici qu’à l’étranger, j’ai eu l’opportunité de rencontrer de grandes figures du métier, à l’instar de Wadah Khanfar, l’ancien directeur général d’Al-Jazeera. Il m’a confié comment il avait sous-estimé la portée de la colère populaire qui allait exploser lors du printemps arabe.
UNE LANGUE. L’arabe, la cinquième que je voudrais maîtriser pour le pont qu’elle représente vers des traditions et des savoirs inestimables. Connaître l’arabe, c’est aussi s’engager sur le chemin de l’échange et de la beauté, se connecter avec des millions de personnes qui ont une culture millénaire.
UN MOMENT DE LA JOURNÉE. Le matin ! C’est le moment où nous avons le privilège de nous réveiller et de recevoir le cadeau inestimable d’une nouvelle journée sur cette belle Terre. Chaque jour est un symbole de renouveau et d’espoir, une nouvelle opportunité de faire le bien.
UNE ONG. La Blood Donors Association, cette ONG, qui joue un rôle essentiel, presque héroïque, dans notre société. Elle ne se limite pas à la collecte de sang ; elle sensibilise et éduque sur l’importance de donner du temps pour sauver des vies. J’ai eu l’honneur de pouvoir entreprendre le rebranding de l’association et la mise en place de campagnes clés. Je veux m’assurer que personne ne finisse ses jours privé d’un don de sang.
UNE PIÈCE DE LA MAISON. La cuisine ! Quand j’ai un peu de temps devant moi, je me mets en mode Top Chef et je me lance dans des recettes qui me font envie. C’est le cœur de la maison, c’est l’endroit où les rires résonnent, où les histoires s’échangent autour de la table. La cuisine est symbole de partage et de convivialité.
UN PAYS. La Thaïlande. J’ai eu la chance de voyager dans plus de quarante pays, chacun avec sa beauté et ses merveilles. Mais le sourire chaleureux et l’incroyable hospitalité du peuple thaïlandais sont tout simplement inégalés. Et que dire de la nourriture ! J’ai goûté des plats que je n’aurais jamais imaginés. Chaque repas est une fête des saveurs.
UN POÈTE. Rumi, ce poète mystique persan du XIIIe siècle, saisit l’essence de l’amour et de la spiritualité avec des mots délicats comme des soupirs, nous rappelant que la souffrance, bien que douloureuse, ouvre les portes de la sagesse et que joie et chagrin ne sont que les deux faces d’une même pièce. “Ne sois pas surpris par le chagrin, nous dit-il, car c’est souvent par le cœur lourd que l’on découvre la véritable lumière.”
UN REGRET. Je regrette de ne pas avoir plongé davantage dans les livres plus tôt, de ne pas avoir cherché plus de connaissances, de ne pas avoir assez écouté les sages qui m’entouraient.
UNE SCIENCE. La psychologie, qui explore la complexité de l’âme humaine et propose des solutions pour améliorer notre bien-être et notre compréhension mutuelle.
UNE TRAGÉDIE. L’Affaire BAI. Imaginez un homme, Dawood Rawat, qui a investi tant d’énergie et de passion pour développer des entreprises qui créent des emplois et participent au développement du pays. Puis, comme un souffle vicieux, une sordide tempête politique vient balayer tout sur son passage. Des rumeurs et des accusations qui font tout voler en éclats. La réputation et le travail d’une vie détruite sans pitié. Et des milliers de clients et d’employés qui perdent tout. C’est une page honteuse de notre histoire.
UNE VILLE. Chefchaouen, une perle au cœur des montagnes du Rif, au Maroc. Elle est célèbre pour ses maisons aux mille nuances de bleu. Les ruelles étroites et sinueuses donnent l’impression de nous promener dans un tableau vivant. L’air est frais, et chaque coin de rue regorge d’artisanat local, des objets en laine aux poteries colorées.