La France a peur !
Par Jean-François Leckning
A quelques jours d’accueillir des Jeux olympiques censés célébrer des valeurs universelles de paix, de tolérance et de solidarité, la France est au bord d’un chaos politique dont elle aura beaucoup de mal à s’en remettre. Un chaos qui pourrait même lui coûter sa respectabilité dans le concert des nations.
Au lendemain d’un premier tour de législatives qui l’a vu, dimanche, recueillir 33% des suffrages exprimés, l’extrême droite est aux portes du pouvoir au pays du Général de Gaulle. Les répliques de ce séisme politique ont été ressentis jusqu’aux marchés boursiers. Et, forcément, à l’approche du second tour, des millions de Français ont peur, le monde a peur.
Pour comprendre l’ampleur du malaise, il faut se représenter ce qu’a incarné l’extrême droite durant sa longue et tumultueuse histoire à travers les époques et à travers les pays. Les traits les plus récurrents étant le rejet des institutions, de la démocratie, du capitalisme, mais surtout la haine systématique de l’étranger et la revendication de la supériorité de la race blanche.
En France, le Rassemblement National du beau-parleur Jordan Bardella – à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession si on ne connaissait pas le fond de sa pensée politique – est la continuité cosmétisée du Front National du grossier Jean-Marie Le Pen. Un FN qui, ne l’oublions surtout pas, a été fondé à l’initiative des anciens d’Ordre Nouveau, un groupuscule nostalgique du fascisme de Mussolini et du Troisième Reich d’Hitler. On y retrouvait Pierre Bousquet et Léon Gaultier, anciens membres de la Waffen-SS, et Roger Holeindre, membre de l’Organisation de l’Armée Secrète, un mouvement terroriste clandestin qui a torturé des milliers d’Algériens. Les diables en personne !
La percée rapide du RN malgré le projet funeste qui est le sien, dont celui de menacer le droit à la binationalité, ne peut s’expliquer que par le seul effondrement des régimes traditionnels de centre-droit et de centre-gauche, ni par le fiasco de la Macronie.
Le mal est plus profond. Il est le résultat, surtout, d’une déprime généralisée. Parce que, qu’on se le dise, la France est à bout. Elle est lasse de l’inflation, lasse des taxes qui se multiplient, lasse de l’insécurité, lasse surtout d’une politique migratoire bien trop généreuse qui lui vaut, aujourd’hui, de récolter le mépris de ceux qu’elle a accueillis. Ceux-là mêmes qui, plutôt que de s’adapter à la France, voudrait que la France s’adapte à eux. Inconcevable.
Le pays de Molière et des lumières est devenu le pays des “wesh” et des “chur la tête de ma mère” quand ce n’est pas des “chaud” ou des “gros”. Une putréfaction linguistique qui interpelle.
L’avènement RN, c’est un peu la pulsion régicide d’un pays qui a déjà décapité son Roi. C’est la France des salons et des campagnes qui se cabre contre la France insoumise, vulgaire, bagarreuse et tapageuse de ses coins les plus sombres, que se plait à défendre l’inquiétant et excessif Jean-Luc Mélenchon .
C’est pourtant vers lui que les électeurs français vont devoir se tourner dimanche pour éviter la fatalité absolue que constituerait l’arrivée au pouvoir des héritiers de Pétain. Et c’est sans doute pour cette raison que la Macronie et les résidus de la grande droite umpistes de l’époque ont consenti à s’accorder avec l’extrême gauche bien que tout les sépare.
La France est décidemment à la croisée d’un drôle de chemin. A l’extrême gauche, elle perd. A l’extrême droite, elle se perd. Tu parles d’un choix…