Malenn Oodiah

L’observateur avisé

Sociologue respecté et analyste politique régulièrement consulté, Malenn Oodiah œuvre surtout dans le social. L’année dernière, durant le premier confinement, il a créé une plateforme numérique, Art Atak, pour offrir une meilleure visibilité aux artistes locaux. A Bambous, un autre de ses projets, Lakaz Flanbwayan, multiplie les initiatives et rassemble une multitude d’artistes qui y viennent échanger leurs idées et se rencontrer. L’envie de Malenn Oodiah est d’œuvrer pour un pays plus vert, plus humain et plus moderne mais aussi pour que le monde de l’art soit accessible à tous. Toutes ses démarches s’inscrivent dans le cadre de l’initiative citoyenne Projet de Société, qu’il a lancée en mai 2017.

Texte : Florence Guillemain
Photo : David Christine

UNE DATE MARQUANTE. Le 20 mai 1975 (Ndlr : ce jour-là, des milliers d’étudiants mauriciens étaient descendus dans la rue pour dénoncer le système éducatif, considéré inapproprié). Je vivais la fin d’une conception de l’école. Je rêvais d’une éducation qui ouvre l’esprit, qui développe la liberté de penser et de créer. C’était le rêve de mes dix-huit ans !

UNE IDÉOLOGIE. L’humanisme social.  Au fil des années, mes itinéraires personnels et professionnels m’ont confronté aux réalités concrètes de la société et de l’entreprise. Je me retrouve aujourd’hui dans une idéologie d’humanisme social qui fait la part belle aux droits humains, à la justice et à la solidarité. 

UNE QUALITÉ. La dignité et le sens de l’honneur parmi d’autres, comme l’intégrité. Le sens de l’honneur se perd de manière dramatique et avec elle notre humanité.

UN LIVRE. Je suis un lecteur gourmand depuis très jeune, mais le livre qui m’a marqué le plus est “Cent ans de solitude”, de Gabriel Garcia Marquez, un romancier et journaliste colombien. Moi qui ne suis pas adepte des romans, je dois dire que celui-ci m’a séduit. C’est un livre puissant, avec un imaginaire riche et complexe. (Ndlr : Ce roman raconte l’histoire d’une famille, les Buendia, sur plusieurs générations).

UN MEDIA. Internet, car c’est une véritable bibliothèque à portée de doigts.

UN PAYS. Maurice, car la société mauricienne est extraordinaire avec des générations venues des quatre coins du monde pour vivre et construire ensemble l’ADN mauricien sur un caillou de l’océan Indien. Il ne faut, pour autant, rien prendre pour acquis.

UNE VILLE. New York, une ville avec une incroyable vitalité. J’y ai vécu le cosmopolitisme, l’avenir de l’humanité, pendant trois semaines.

UNE LANGUE. Le créole, ma langue maternelle, à laquelle je suis profondément attaché. A 18 ans, j’ai commencé à militer et à soutenir ceux qui œuvrent pour son avancement, sa reconnaissance et sa place dans la société.

UNE PLANTE. Un flamboyant bien sûr. L’arbre est majestueux avec des fleurs qui viennent colorer les fêtes de fin d’année en décembre. “Bouke banane” dit-on en créole. C’est le nom que j’ai donné à ma fondation.

UNE ENERGIE. Le solaire, tout naturellement. Une énergie propre et renouvelable.

UNE FIGURE HISTORIQUE. Difficile d’en choisir un. Il y en a plusieurs et j’en retiens trois : Che Guevara, le Mahatma Gandhi et Nelson Mandela. Chacun correspond à une tranche de ma vie.

UN ANIMAL. Le chien. J’ai eu des chiens tardivement, mais j’ai apprécié leur compagnie et j’ai mieux compris ceux qui les aiment.

UN HÔTEL. Le Trou-aux-Biches Hotel me renvoie à une soirée pour un forum/débat en 1988 qui portait sur le tourisme et qui été diffusé par la télévision nationale. Vingt ans après, j’ai apporté ma contribution au groupe Beachcomber pour réaliser le nouveau Trou-aux-Biches.

UNE ÎLE. Praslin, aux Seychelles, que j’ai visité pour la première fois il y a plus de vingt ans. J’ai été ébloui par le paysage naturel, tant côté mer que côté terre, avec la plage de Anse Lazio et la Vallée de Mai.

UN ART. L’écriture. C’est une activité qui m’est chère, qui me permet de m’exprimer et de partager une partie de moi.

UN FILM. Je dirais plutôt un documentaire, “La main dans la main”,  que j’ai coréalisé en 2018 avec une cinéaste française, Isabelle Gendre, pour marquer le 50e anniversaire de l’indépendance de Maurice. Ce documentaire de 70 minutes montre l’évolution du tourisme mauricien, des origines à nos jours. Je n’aurais jamais pensé participer à la réalisation d’un documentaire, j’y ai pris goût et envisage même d’en faire un autre éventuellement. Le sujet est identifié, il me reste à trouver le financement et le temps nécessaires.

UN TRANSPORT. Je dirais la voiture. Par nécessité.

UNE PIÈCE DE LA MAISON. Ma cuisine, qui a plus d’un demi-siècle. C’est un lieu de rencontres conviviales autour des plaisirs et du bonheur de la table.

UN PLAT. Un mine bouilli accompagné de boulettes chinoises, de préférence des wantan. J’en mange pratiquement tous les samedis pour mon déjeuner.

UN LIEU. La région du Morne, sa montagne et son lagon . C’est le paradis sur terre, tout simplement !

UN OUTIL. Un sécateur, outil indispensable au jardinage. Pas seulement pour le toilettage des arbustes, mais aussi pour créer des boutures.

UN TABLEAU. “La Déchirure”, de Nalini Tribohun, une de mes artistes préférés.  Difficile de mettre des mots pour le décrire.

UN APPAREIL PHOTO. J’utilise de plus en plus mon smartphone, un Samsung qui tient dans la poche. Mais, je vais bientôt me servir de mon Canon, que j’ai acheté il y a deux ans. On dit que la photographie c’est l’oeil du regard.