GAEL FROGET
L’art de la plume

Cela fait bientôt sept ans que Gaël Froget, 33 ans, fait de la peinture à plein temps. Connu de la scène artistique, il a été récemment l’effigie du projet Parker où il a valorisé la plume à travers quatre tableaux.

Texte : Urvi PUDARUTH

Il a commencé à peindre à l’âge de 22 ans. Enfant, il n’était pas vraiment un talent précoce, mais a toujours fait preuve de beaucoup de créativité. Il a touché à tout, notamment à la musique et à la mode, puis il a commencé à dessiner avant de basculer vers la peinture.  La peinture, trait d’union vers une certaine liberté.

“La musique ou la mode, c’étaient des étapes, mais j’ai trouvé ces deux mondes trop restrictifs, contrairement à la peinture, qui offre une perspective plus individualisée. On finit par développer sa propre façon de s’exprimer et elle est unique”, justifie Gaël Froget.

Son coté “fainéant”, comme il se plait à le décrire lui-même, lui aura permis de commencer la peinture, qui est pour lui un moyen de s’exprimer, d’oser. De se libérer aussi. C’est comme une thérapie. Il est aujourd’hui ravi de pouvoir vivre de la peinture. Depuis son retour à Maurice, Gaël a enchainé pas mal d’expos à travers lesquelles il a su tracer sa route. La première s’était tenue à la galerie Imaaya.

“J’ai commencé à peindre sans avoir aucune notion de l’histoire de l’art. J’ai créé ce qu’il y avait de plus proche de moi-même. Je trouve que c’est important quand quelqu’un arrive à exprimer une part de lui-même”, souligne le jeune homme.

C’est dans son atelier d’artiste, qu’il décrit timidement comme “tout le temps en désordre”, qu’il essaie de se retrouver. Il est content d’avoir son espace à lui, dédié à la création. C’est son petit havre de paix, l’endroit où il passe la plupart de son temps, son lieu de travail. C’est là où tout ce qui lui traverse l’esprit rejaillit en peinture.

Le projet Parker

Récemment, le talent et la créativité de Gaël Froget ont été sollicités par Unicorn Trading, représentant à Maurice de la célèbre marque de plumes Parker, dans le cadre de la campagne écologique “Ink-spire your world”. Le message était simple : réduisez les déchets, recharger et réutiliser vos plumes, vous pouvez sublimez votre talent avec ! “Ce projet visait à mettre en avant la créativité mauricienne. Gaël était la personne idéale pour ça. C’est un artiste qui a beaucoup d’influence. Nous avons utilisé ses dessins et son talent pour passer un message eco-friendly. C’est notre façon à nous d’éveiller les consciences, de sensibiliser les Mauriciens sur le besoin de réfléchir aux enjeux environnementaux. Chacun doit apporter sa petite pierre”, confie Jason Gunness, directeur d’Unicorn Trading. Ainsi, les toiles de Gaël ont habillé toutes les vitrines des magasins Parker à Maurice.

L’artiste justifie sa décision de s’associer à cette campagne. “Jason et moi, nous nous connaissons depuis longtemps. Nous discutions ensemble un jour à l’atelier et il s’est aperçu que j’utilisais des plumes Parker pour mes croquis. Il m’a alors expliqué qu’il représentait la marque à Maurice et qu’il souhaitait remettre en valeur l’utilisation de la plume.” Ça tombait plutôt bien : l’artiste, lui-même, aime la plume. Et même s’il avoue utiliser de temps en temps son iPad Pro, il a toutefois furieusement conservé le réflexe primaire  du papier et de la plume.

Gaël Froget poursuit : “Jason m’a demandé si cela m’intéressait de faire quelques croquis pour Parker. J’ai trouvé l’idée intéressante parce que les gens connaissaient déjà mes peintures. Le projet consistait à produire quatre toiles de dimensions écologiques. Je n’utilise jamais des plumes jetables. La cause environnementale est à la mode.” Ce projet visait à valoriser à la fois l’art et l’écriture. Il y a énormément d’écrivains qui utilisent toujours la plume, c’est une relation intime qu’ils partagent avec l’objet.

“Demain n’est pas prévisible.”

Son atelier étant spacieux, Gaël envisage de permettre à d’autres artistes de venir travailler à la même adresse. “Ma devise dans la vie ? Je n’en ai pas, je suis free-style net ! Je me suis souvent posé la question, sans pouvoir y répondre. Je change en permanence ma façon de voir les choses, j’évolue. Baser ma vie sur un concept, une devise, c’est restrictif. Il y a des gens que ça motive, pas moi. Je suis assez instinctif de nature. Je laisse faire les choses, rien n’est réfléchi en avance. J’aime vivre au jour le jour ; Demain n’est pas prévisible.”

Gaël Forget se félicite de constater que de plus en plus de gens sont intéressés par ce qu’il fait. Son travail s’exporte, ce qui le rend vivant. Ses travaux, il les vend principalement à des étrangers. “Mon seul guideline c’est la vente de mes tableaux. Si les gens veulent supporter l’art à Maurice, il faut développer le réflexe d’acheter mauricien ! Il y trop d’artistes qui veulent déposer leurs pinceaux. Je trouve que c’est une catastrophe, une espèce en voie de disparition. ” Et de conclure : “Moins il y aura d’artistes, plus on deviendra une société aseptisée”, prévient-il.