Jean-Paul Lavénérable
À travers une symphonie de couleurs et des mots ciselés, Jean-Paul Lavénérable façonne un univers où l’art transcende les frontières du tangible. Peintre tardif mais écrivain précoce, cet artiste transmet à chaque toile une mémoire vive, empreinte de couleurs et de récits. Son exposition récente, “Un seul peuple, une seule nation – 57 ans d’indépendance”, résonne comme un hommage à l’âme de Maurice, où abstraction et impressionnisme dialoguent au fil des souvenirs. Animé par une passion indomptable, il fonce, repousse ses propres limites et défend avec ferveur l’identité créole. Entre désir et plaisir, folie et harmonie, justice et liberté, son art est un kaléidoscope d’émotions, une quête d’authenticité où l’inspiration se nourrit de l’instant et du vécu. Peindre, écrire, questionner : Lavénérable ne compose pas seulement des œuvres, il interroge le monde.
✍ Axelle GAILLARD
📷 Manoj NAWOOR
ART ABSTRAIT. La majorité de mes tableaux. Pour moi, ce n’est une pas une représentation figée. L’art abstrait permet à celui qui le regarde de sentir et d’explorer ses émotions. Exception à la règle de ma dernière exposition, deux de mes tableaux : “Le jardin de Pamplemousses” et “La Poste de Baie du Cap”, qui relèvent de l’impressionnisme.
BÉLIER. Mon signe du zodiaque. Je fonce dans tous mes projets comme un vrai bélier, quitte à me casser la gueule devant. Ceux qui m’entourent en savent quelque chose. J’aime aller au bout de mes capacités, je ne m’endors jamais sur mes réussites. Le jour du vernissage de ma deuxième expo, j’en étais déjà à ma troisième dans ma tête…
CREOLE. Et fier de l’être ! Je suis100 % mauricien avec des ascendances mixtes ; européenne, indienne et africaine. Entendre encore des Mauriciens dire qu’ils ne sont pas créoles alors qu’ils habitent une ile relèvent d’une intelligence limitée. Et je suis gentil dans mes propos… A quand une campagne pour expliquer aux Mauriciens qu’ils sont tous créoles au lieu de les segmenter.
DÉSIR. Pour moi, le désir est complémentaire du plaisir. Mon désir est satisfait lorsque mon plaisir est atteint. Cela vaut pour un objet comme pour un humain.
ÉCRITURE. L’écriture m’a permis de gagner ma vie même si, maintenant, la peinture est devenue ma première passion. Mon premier contact avec l’art, je le dois à ma prof de première à l’Alliance française, Annie de Pierre Latapie.
FOLIE. Un artiste sans folie est un artiste inexistant. La folie lui permet de dépasser ses limites. Mon tableau de Chamarel à la verticale et les danseuses de bharatanatyam sur les nénuphars du jardin de Pamplemousses en disent long.
GOURMET. Gourmet d’une paire de dholl-puri ou d’un bol dix, en passant par un briani bœuf ou un steak au roquefort. La multiculturalité et l’interculturalité.
HARMONIE. Vivre en harmonie malgré nos différences. Tout un programme.
INSPIRATION ARTISTIQUE. C’est une idée, une image ou une émotion qui me poussent à créer. C’est très personnel. L’inspiration peut être intuitive ou émotionnelle. Un tableau peut être réalisé en trois jours ou trois mois, suivant l’émotion que le dessin me procure.
JUSTICE. En espérant qu’un jour la justice des pauvres brillera contre l’injustice des riches à Maurice.
KALÉIDOSCOPE. Ma dernière exposition solo regroupe plusieurs dessins variés dans des tableaux colorés. Un vrai kaléidoscope.
LIBERTÉ. Aussi longtemps que la presse locale défendra la liberté de penser des artistes, la démocratie sera protégée.
MUSE. A part deux éditoriaux de Shenaz Patel et un autre de Nad Sivaramen qui m’ont inspiré pour des tableaux, je n’ai pas encore trouvé ma muse.
NOUVELLE. “Le mendiant de la Chaussée”, nouvelle couronnée par le Prix du Jeune Ecrivain Francophone en 1989 et qui a changé ma vie à tout jamais. Être lauréat m’a permis d’aller à Paris et de rencontrer des personnalités comme Alain Decaux, ministre de la Francophonie d’alors, ou Jack Lang, qui était lui ministre de la Culture. Après trois ans d’études à Paris, en communication, puis un an à Brighton, en management, je suis rentré au pays.
ORATEUR. Je suis souvent sollicité par mes amis et ma famille pour des discours à l’occasion de mariages, d’anniversaires ou d’oraisons funèbres. Le plus grand orateur de tous les temps, pour moi, est Jésus.
PARTIR. Il faut laisser les gens partir. Que ce soit pour un divorce, , dans la mort ou en amitié. Il faut apprécié qu’ils aient partagé un moment de votre vie. Cela ne sert à rien de se lamenter ou de pleurer.
QUÊTE. En peinture, je suis toujours en quête de quelque chose de meilleur en peinture.
RIRE. J’aime rire. Le rire fait partie intégrante de mon quotidien. Mes proches trouvent que je suis rigolo. Enfant, je jouais dans les sketchs comiques sous les loges de Mangalkhan, à l’occasion de la fête des mères ou pour Noël.
SHOPPING. Je peux rester des heures dans un centre commercial sans m’ennuyer. Mon record c’était à Paris lors de soldes d’été. De 10h à 19h !
TALENT. Le talent est en soi. On l’a ou on ne l’a pas. Il n’est heureusement pas en vente. Aucun cour ne permet de devenir talentueux.
UNIVERSEL. L’art l’est pour moi. Il traverse les frontières du monde et des peuples.
VOYAGE. Les voyages me permettent de découvrir d’autres identités, d’autres cultures. Et d’enrichir mon art en y intégrant d’autres tendances et d’autres couleurs.
WHISKY. J’aime siroter un bon single malt en écoutant du Whitney Houston.
XÉNOPHOBE. Voir certains Mauriciens rejeter ou détester les travailleurs bangladeshis ou malgaches prouvent qu’ils ont oublié que nous sommes un peuple d’immigrés.
YVES. A fait partie de ma vie d’étudiant. Même si tu n’es plus dans mon cœur, tu as mon amitié.
ZAHIA. Merci d’avoir changé mon destin. Tu es partie beaucoup trop tôt.