Catherine Mir

Ça roule ma poule !

Elle serait belle la vie si, chaque matin, avant le petit-déjeuner, vous alliez récupérer des œufs fraîchement pondus dans votre propre poulailler. L’idée vous tente ? Catherine Mir a la solution pour vous !

Texte : Axelle GAILLARD | Photo : Florence GUILLEMAIN

“Installez-vous, j’arrive ! Je finis de nettoyer les abreuvoirs de mes poules !” Ainsi se présente à nous Catherine Mir. Spontanée, originale, bienveillante… Pendant que nous attendons, deux poules et une ribambelle de poussins se promènent dans le jardin, gloussant et grattant le sol, à la recherche de graines égarées. Atmosphère atypique d’une lointaine époque où la nature s’invitait chez soi, où chaque maisonnée avait son propre poulailler.

Catherine arrive, rayonnante. “Désolée de vous avoir fait attendre ; c’est qu’on ne s’ennuie jamais avec les poules !” Le ton est lancé. Elle commence par le commencement. “Lors du premier confinement de 2020, nous nous sommes retrouvés sans rien dans le frigo, pas même un œuf pour faire une omelette ! Cet épisode a été traumatisant et m’a donné à réfléchir. Il n’était pas question que cela se reproduise.” Lui revient alors à l’esprit une émission diffusée sur France Inter dans laquelle des personnes âgées évoquaient leur vie d’avant ; une vie simple, à la campagne, au milieu des poules. Elle repense aussi à sa grand-mère qui l’emmenait chercher des œufs à la ferme. Et le déclic se produit. “Pourquoi pas ?” Mais l’enthousiasme de son entourage n’est pas aussi débordant que le sien. “Les gens ont rigolé. Ils ont dû penser que c’était une lubie, une idée farfelue… Ma famille, par contre, m’a encouragée.”

Cela fait un moment que Catherine réfléchit à son avenir, qu’elle se cherche professionnellement Depuis toujours, elle est attirée par l’art, le tatouage, la customisation des meubles, la déco… Par-dessus tout, elle a un très bon sens du relationnel. Avec la crise sanitaire, elle sent que les gens se soucient de plus en plus de leur bien-être, qu’ils éprouvent le besoin de renouer avec l’essentiel. Elle se dit qu’il est peut-être temps de se trouver une nouvelle voie, plus en harmonie avec sa conception de la vie.

A force de peser le pour et le contre, de faire des dessins, des projections, de mettre ses idées à plat, le projet prend forme. Bientôt, Tipoule House prend naissance et devient une belle aventure familiale. Le projet de Catherine est le suivant : commercialiser différents modèles de poulaillers fabriqués par des artisans ainsi que des poules pondeuses élevées au grand air.

La première étape a été d’installer un poulailler dans sa propre cour, histoire de se familiariser avec les volatiles. Catherine les a beaucoup observées et s’est aussi documentée sur le sujet. Elle est maintenant incollable ! “Au début, j’ai commis des erreurs de débutante qui m’ont toutefois permis de m’améliorer.” Elle poursuit : “Les poulaillers que nous proposons sont de qualité, en pin traité, ce qui est recommandé pour le climat de notre île.” Oui, c’est un business, mais pas que ! C’est surtout une passion, un mode de vie. “L’idée est de revenir aux sources, de revoir notre rapport à l’environnement, de repenser aux traces que nous laissons dans notre course folle à la surconsommation”, écrit-elle sur la page d’accueil de son site web. “Nous croyons dans l’autonomie alimentaire. Chaque famille devrait pouvoir produire chez elle de quoi s’alimenter, ne serait-ce qu’en partie. Le plus simple et le plus efficace est d’élever des poules qui nous offrent de bons œufs chaque matin.”

Le prix d’achat inclut un service personnalisé et le suivi client. Catherine se déplace et conseille à domicile. “Le bien-être des animaux est essentiel. Il n’est pas question que je vende un poulailler à une personne qui vit dans un environnement inadapté.” Un minimum d’espace est vital. Il est essentiel pour le bon développement et le bien-être des poules qu’elles puissent gambader quelques heures par jour.

Tipoule House est une TPE en pleine évolution et s’adapte à la demande. Outre les poulaillers, elle propose aussi des cages pour rongeurs, des mangeoires pour oiseaux et d’autres produits utiles comme des présentoirs à œufs. Catherine note un intérêt accru des personnes nostalgiques du passé, à l’image de ces grands-parents qui souhaitent faire découvrir cette aventure à leurs petits-enfants, une façon de partager à travers un poulailler une période de leur vie. “Je remercie l’univers de m’avoir mis sur cette voie. Ce projet procure beaucoup de bonheur, je le constate jour. Les enfants s’occupent de leurs poules, ramassent les œufs, écrivent au crayon le nom de la poule pondeuse et la date de la ponte… Autant de moments sympas dans la nature, loin des écrans.”

Outre l’avantage de pouvoir consommer des œufs totalement bio au quotidien, il y a, en parallèle, une démarche écologique. “C’est une solution simple et intelligente pour réduire ses déchets. Les poules sont omnivores et sont ravies de déguster nos restes. On peut aussi utiliser leur déjection comme composte pour le potager. Bref, rien ne se perd”, conclue la fondatrice de Tipoule House.