Clémence Soupe
Vibrante, lumineuse, Clémence Soupe traverse la vie avec cette étincelle rare qui donne à chacun de ses rôles au théâtre une profondeur inoubliable. Son portrait chinois.
✍ Axelle GAILLARD
Clémence Soupe, c’est une énergie brute, une force vive du théâtre mauricien… Née à Paris d’un père mauricien et d’une mère française il y a 32 ans, elle a ressenti, très jeune, l’appel irrésistible de la scène, où elle impose sa présence avec une intensité rare. Son parcours artistique, façonné en France, s’enracine pleinement ici dès 2018. Chaque rôle qu’elle endosse depuis est une immersion totale, une plongée vertigineuse dans l’émotion pure. De l’inoubliable “Un tramway nommé désir” (2021), au puissant “Faiseur de Miracles” (2023), Clémence tisse sa trajectoire avec passion, empruntant au passage les allées du septième art avec “The Blue Penny”.
En janvier, la jeune femme a prêté sa voix et son âme à “La Voix Humaine”, un défi à la hauteur de son talent. Et, en mars, elle a brillé à nouveau sur les planches du Caudan Arts Centre dans “Intra-Muros”, une pièce mise en scène par Marie-Ange Koenig, poursuivant ainsi son exploration des profondeurs humaines. Découvrez son portrait chinois.
UNE PIÈCE DE THÉÂTRE > “Intra-Muros”. J’ai pris plaisir à jouer dans cette pièce. Mise en scène par Marie-Ange Koenig, cette comédie dramatique d’Alexis Michalik est à la fois drôle, émouvante et palpitante. Ces dernières semaines, nous avons tous bu et manger du “Intra-Muros” à n’en plus finir, au point de ne pas pouvoir dormir la nuit (Rires).
UN PERSONNAGE TRAGIQUE > Iphigénie, la fille d’Agamemnon, roi de Mycènes et d’Argos. Accompagnée de sa mère Clytemnestre, elle part rejoindre son père et pense retrouver son fiancé Achille pour se marier. Mais, en réalité, Agamemnon prépare la guerre contre Troie, car Hélène, la femme de son frère Ménélas, a été enlevée. Son histoire me touche beaucoup.
UNE ÉMOTION SUR SCÈNE > L’espoir. C’est un sentiment plus qu’une émotion, je le conçois, mais, en même temps, il n’y a pas d’histoire sans espoir.
UN THÉÂTRE EMBLÉMATIQUE > La Comédie Française (Ndlr : Aussi appelé le Théâtre-Français). J’aurais aimé répondre le théâtre de Port-Louis, mais je ne le connais pas du tout. La première fois que j’ai mis les pieds à la Comédie-Française, il s’est passé quelque chose en moi que je ne saurai expliquer. Une expérience à part entière.
UNE RÉPLIQUE CULTE > “On ne laisse pas Bébé dans un coin !” De Dirty Dancing. Même si ça fait tellement cliché et que ce film n’est pas du tout de ma génération, je l’adorais quand j’étais ado.
UNE FEMME DE THÉÂTRE > Isabelle Huppert. Une femme qui est sur les planches, mais pas que. Elle est au cinéma, elle est partout, elle ne s’arrête jamais ! J’ai découvert qu’elle avait la cote en Asie. Elle cartonne.
UN RÔLE > “La voix humaine”. Je voulais incarner ce rôle et j’ai pu le faire. C’était une adaptation de l’œuvre de Jean Cocteau, sous la direction de Vinaya Sungkur, grâce à qui j’ai pu toucher ce rêve du doigt.
UN GESTE THÉÂTRAL > Une ouverture de rideau. Parce que c’est tellement plein de promesses.
UN SOUVENIR D’ENFANCE > La première fois que j’ai joué de mon plein gré devant un public scolaire. Non, je n’étais pas en maternelle et je ne faisais pas l’arbre ! (Rires) J’incarnais le Père Noël dans une pièce en anglais et, en me voyant débarquer sur scène, toute toute frêle, les élèves ont ri. Mais dès ma première réplique, la salle s’est tue. J’ai alors compris le pouvoir du théâtre, sa capacité à faire émerger des émotions contradictoires d’une seconde à l’autre.
UN SILENCE SUR SCÈNE > Celui qui suit ta dernière réplique et qui précède les applaudissements. Il peut être terriblement long, très porteur, ou parfois court, en fonction de ce que tu viens de produire.
UN ANIMAL > L’éléphant. Un animal qui m’inspire de par son côté familial et englobant. Il y a quelque chose qui me rassure chez lui.
UN PAYSAGE MAURICIEN > La terre des sept couleurs. Maurice, pour moi, ce sont avant tout des couleurs. C’est autant le côté touristique, sympa, que le côté terre et racine qui me plait ici.
UNE SAISON À MAURICE > L’été, mais à Curepipe ! Et puis, Curepipe est central, ce qui permet d’éviter le trafic. Parfois l’été est trop long… L’hiver aussi, remarquez…
UNE TRADITION MAURICIENNE > Une sirandane. J’aime l’idée de pouvoir jouer avec les mots. Et puis, la tradition orale c’est tout ce qui me porte, autant dans mon métier que dans mes passions.
UN COMBAT FÉMINISTE > Le féminisme justement. Parce que c’est un combat en soi.
UN FILM > “Anatomie d’une chute”. C’est un reflet assez fort de la société par rapport à la présomption d’innocence et au regard qu’on peut porter sur une victime ou sur un coupable. Surtout quand il s’agit d’une femme. Ce film m’a particulièrement marquée. J’ai aimé le jeu des acteurs.
UNE CHANSON D’ICI > “Rev nou zanset”. J’adore toutes les chansons de Cassiya, notamment celles qui parlent de liberté. Les paroles sont tellement fortes. C’est mon père mauricien qui m’a fait connaitre la musique d’ici.
UN MOT QUI VOUS DÉFINIT > Impétueuse… (Rires) Et je laisse en suspens !
UN MOMENT DE LA JOURNÉE > Le lever du soleil. Quand la journée démarre, que tout le monde dort encore. Place aux premières rêveries….
UNE PIÈCE DE LA MAISON > Le salon. C’est là où tout se passe, là où on vient manger, où on accueille les gens. C’est le cœur de la maison.