Sendylen Soobrayen
Expat Expert !
Sendylen Soobrayen puise sans doute sa force dans ses origines modestes, nourri par les valeurs de respect, de résilience et d’intégrité que lui ont transmises son père Sivaramen, un ancien valet de chambre. A 35 ans, cet entrepreneur averti avance dans la vie avec foi et conviction, porté par le succès grandissant de Colbert Holdings, dont il est le président-fondateur. A une époque où la demande pour Maurice se démultiplie, son entreprise se positionne aujourd’hui comme une référence incontournable des très dynamiques secteurs de l’expatriation et de l’investissement étranger, auquel Sendylen est judicieusement venu greffer l’immobilier d’exception. Rencontre.
✍ Jean-François LECKNING
Sendylen Soobrayen n’est pas homme à oublier d’où il vient. Ni où il va d’ailleurs. La vie dure, il en connaît le gout. Son père, Sivaramen, était valet de chambre dans un hôtel et enchaînait les heures sup, travaillant parfois jusqu’à quinze heures par jour. Savitree, sa mère, était pour sa part femme de ménage. Et parce que son maigre salaire ne suffisait pas pour faire tourner la cuisine certaines fins de mois, elle a fini par se résoudre à l’idée de cumuler trois emplois en même temps.
“Je suis ému rien que d’en parler”, reconnait Sendylen, la voix saccadée. “Oui, je viens d’un milieu modeste et je n’ai pas honte de le dire. Au contraire, j’en suis fier ! Je pense y avoir probablement puisé l’énergie qu’il fallait pour réussir. Et les valeurs aussi. Car mes parents m’ont toujours inculqué le respect, l’éthique, la discipline, la résilience… Nous étions pauvres, mais papa était droit dans ses bottes. Il n’y avait, pour lui, aucun compromis possible avec l’intégrité. Je suis admiratif de tous les sacrifices que mes parents ont consenti à faire pour nous mettre sur la bonne voie, mon grand frère et moi.”
Depuis, Sendylen a grandement récompensé ses parents pour leurs efforts. Président-fondateur de Colbert Holdings, il est aujourd’hui à la tête d’une société en croissance rapide et qui, à travers ses filiales “Consult and Invest”, “Properties” et “Management”, propose des services d’accompagnement, de conseils et de solutions d’investissements personnalisés à des étrangers souhaitant s’installer à Maurice. Le dernier bilan comptable indiquait un chiffre d’affaires supérieur à Rs 300 millions, rien que ça !
Nous n’avons pas eu besoin d’éplucher le registre des compagnies pour le savoir. Sendylen en parle ouvertement. Il faut dire que l’argent n’a jamais été, pour lui, un sujet tabou. Ni sa motivation de départ d’ailleurs. Sans doute parce qu’il sait d’où il vient justement. “J’ai un rapport bien particulier avec l’argent, que je ne le lie jamais à ce que j’entreprends, croyez-le ou pas”, insiste-t-il. “Moi, ce qui m’anime, c’est la motivation de créer, d’oser, de prendre à contrepied le marché, de trouver des failles… De mettre un sourire sur le visage de mes clients surtout. L’argent suit. Alors oui, pour être honnête, je ne m’attendais pas à être à la tête d’une affaire comme celle-là un jour. Mais rien n’est acquis, il reste du chemin à faire. Nous ne sommes pas encore arrivés là où nous voulons être. Pas question de s’endormir sur ses lauriers”, reconnait le jeune entrepreneur, 35 ans cette année.
La chance des audacieux
Nommé après Jean-Baptiste Colbert, ancien contrôleur général des finances sous Louis XIV, Colbert Consult, l’enseigne de départ, s’adressait principalement à un marché français que Sendylen souhaitait rassurer par un nom familier, mais pas que… “Un nom qui parle, ça ne suffit pas. J’ai toujours su que la qualité de notre accompagnement devait suivre. Ça a été le socle fondateur de tout ce qu’on a entrepris dès notre première année, en 2016”, reconnait celui qui s’est lancé dans les marchés de l’expatriation et de l’investissement après s’être un temps associé au célèbre homme d’affaires et écrivain français Paul-Loup Sulitzer, auteur du livre à succès “Money” et qui avait, un temps, fait de Maurice son point de chute.
Si, dans un premier temps, Sendylen Soobrayen se contentait d’accompagner les investisseurs dans leur processus de relocalisation, d’obtention de permis, de création ou de rachat d’entreprise, il a très vite senti croître une demande pour l’immobilier premium. “Nous nous sommes donc infiltrés dans la brèche en lançant Colbert Properties, nous constituant un portefeuille immobilier d’exception. En parallèle, nous avons pris le pari de monter une structure d’investissement assez particulière à travers laquelle on a su marier les opportunités de l’immobilier aux exigences de la finance”, se félicite l’homme d’affaires. Il poursuit : “La valeur ajoutée indéniable que Colbert apporte aujourd’hui à ses clients, c’est d’avoir su trouver la solution pour qu’ils génèrent des revenus passifs de façon quasi-immédiate, sans apport financier préalable. Nous n’avons pas inventé la roue. Ce montage juridique existait déjà avant, mais il n’était pas exploité.”
Les produits d’investissement proposés par Colbert dans l’immobilier varient entre 50,000 et un million d’euros. A ce jour, 155 unités ont été vendues, comprenant des studios, des appartements, des penthouse…
Sendylen Soobrayen, vous l’aurez compris, a la chance des audacieux. Celle qui récompense ceux qui savent réfléchir “outside the box” et qui ne ratent jamais le train des opportunités.
Il faut dire que Maurice est un point de chute qui attire beaucoup de jeunes retraités ayant déjà construit leur richesse. Pas tant pour la fiscalité avantageuse qu’elle propose, mais davantage pour son environnement serein, son cadre de vie exceptionnel et, surtout, le savoir-vivre des Mauriciens, toujours très accueillants quoiqu’on dise. Depuis la pandémie du Covid, la demande s’est démultipliée, motivée par ce qui se passe ailleurs dans le monde. La crise immobilière en France, la guerre en Ukraine, l’insécurité en Afrique du Sud… Autant de facteurs qui ont contribué à nous repositionner comme une destination solide et ont encouragé le jeune patron de Colbert Holdings à se présenter sur plusieurs plateformes comme l’expert de l’expatriation, le marchand de rêves.
L’univers des chiffres
Comptable de formation, Sendylen Soobrayen a toujours su qu’il finirait, tôt ou tard, d’une façon ou d’une autre, par atterrir dans l’univers des chiffres, lui qui avait une aversion pour les langues et la littérature. Au terme de ses années de collège, passées sur les bancs du SSS Adolphe de Plevitz, à Grand-Baie, le jeune homme s’était vu ouvrir, par l’intermédiaire d’un cousin, une porte d’entrée inespérée chez Ernst & Young, qui allait dans la foulée financer ses études d’expert-comptable. Il y a passé six ans, d’abord comme stagiaire, puis comme commissaire aux comptes. “Ce fut pour moi une véritable école. Je dois beaucoup à Ernst & Young. Mon parcours professionnel n’aurait peut-être pas été le même si je n’étais pas passé par là”, reconnaît, avec recul, le fondateur de Colbert Holdings.
Après un détour mitigé de trois mois dans une entreprise offshore où, dit-il, il s’ennuyait “à saisir des données, tel un robot”, et désespéré de ne pouvoir retrouver sur le marché une offre d’emploi adaptée à ses besoins, Sendylen allait prendre le pari, en 2012, de se mettre à son compte et d’ouvrir sa propre boîte de comptabilité. Ce n’était pas encore Colbert Consult & Invest, mais Expedite Management Services, qui promettait d’expédier les comptes de ses clients aussi vite que l’indiquait son nom.
Très attaché à son Grand-Baie natal et cosmopolite, qui lui a servi de première ouverture sur le monde, Sendylen y a appris son nouveau métier sur le tas, au cas par cas. Pour celui qui aime sortir de sa zone de confort et s’inventer de nouveaux challenges, la débrouillardise a été la vraie université de sa vie. “Je me souviens comme si c’était hier de mes virées à bicyclette pour proposer mes services à tous les entrepreneurs de la région susceptibles d’avoir besoin d’un comptable. Parmi, figuraient des boutiquiers, des restaurateurs, des skippers, des quincaillers, des marchands de plage… Je n’avais d’autres ambitions, à l’époque, que de pouvoir assurer ma liberté”, dit celui qui a démarré sa petite entreprise seul, dans l’étroitesse de sa chambre à coucher.
Douze ans plus tard, et malgré la stature qu’a pris son entreprise depuis, Sendylen veille toujours aux intérêts de sa clientèle des premiers jours. “Parce que je ne peux oublier d’où je viens et par souci de respect et de loyauté envers tous ces gens qui, un jour, quand j’en avais besoin, ont choisi de me faire confiance. C’est grâce à eux que j’en suis là aujourd’hui”, insiste le jeune entrepreneur, ému.
A la tête d’une fourmilière d’une trentaine d’employés qu’il considère presque comme ses compagnons de jeu, Sendylen partage avec eux les trois espaces que loue Colbert Holdings à The Precint, en bordure de la M2, à l’entrée de Grand-Baie. Une entreprise qu’il entend garder à taille humaine, malgré sa folle progression de ces dernières années.
“J’ai beaucoup de complicité avec mes employés. Je m’efforce d’être un patron très amical. Je crois dans la force de l’équipe, dans les énergies et les vibrations positives”, explique le fondateur de Colbert Holdings, qui se dit convaincu que la convivialité n’est pas un frein à l’efficacité et aux responsabilités. “Dans les manuels de l’entrepreneuriat, on nous recommande de garder de la distance avec ses employés”, déplore-t-il. “Je récuse cette méthode qui ne me convient pas et qui ne me ressemble pas.” Le moins que l’on puisse dire c’est que les résultats plaident pour lui. On ne change pas une méthode gagnante.