Coralie Piat

L’art de soi

Dans son atelier “L’Art de Soi”, à Tamarin, Coralie Piat accompagne enfants et adultes dans leur quête d’un mieux-être. Elle a choisi l’art-thérapie comme technique paramédicale pour remplacer la parole, considérée comme une psychothérapie. L’art est un langage où chacun exprime ce qu’il a sur le cœur. Diplômée dans sa spécialité, cette maman dynamique et joviale sait trouver l’outil artistique qui correspond à chacun pour se sentir à l’aise et se libérer.

Texte & photo : Florence GUILLEMAIN

Coralie Piat a fait ses études à l’école des Beaux-Arts en Afrique du Sud. “Je viens d’une famille très créative, douée des mains”, dit-elle d’emblée. C’est donc assez naturellement qu’elle traverse l’étape des orientations professionnelles même si l’art-thérapie est venue plus tard. “Au départ, je voulais être prof de dessin”, lance la jeune femme dans un large sourire.

Finalement, après une formation, Coralie devient enseignante en maternelle. C’est grâce à cette expérience pédagogique qu’elle réalise les difficultés psychologiques que peuvent rencontrer certains enfants. Lorsque qu’elle devient maman pour la deuxième fois, la jeune femme passe par une période difficile. Elle perd confiance en elle, se renferme sur elle-même pendant un certain temps. Elle décide de s’en sortir en se tournant vers l’art-thérapie. Le psychologue n’a pas été suffisant. Mais l’art-thérapie, en revanche, l’a aidée à comprendre son blocage.

Coralie décide donc d’aider les autres à son tour et s’oriente vers cette manière plus douce de toucher ce qui fait mal. Elle prend des cours par correspondance et obtient un diplôme australien. “Les diplômes sont différents selon chaque pays”, précise-t-elle. Elle ouvre son atelier en 2018 à Tamarin près du cabinet de son mari, médecin généraliste.

“Dans ce métier, il faut être empathique pour être en résonnance avec l’autre”, explique Coralie. Les clients sont souvent référés par l’école, certains généralistes et bien souvent grâce au bouche-à-oreille. “Ce sont principalement des enfants, des femmes, mais très peu d’hommes font la démarche de se tourner vers moi”, regrette la thérapeute.

Pour Coralie, la santé mentale est encore taboue à Maurice. Il manque un lien avec le corps médical. Heureusement que l’art-thérapie a su se frayer un chemin et a trouvé sa place à Maurice. Il existe une dizaine d’ateliers répertoriés à travers l’île.

Changer de vie

Les parents viennent souvent la consulter par rapport à un comportement qu’ils considèrent “suspect” chez leur enfant. La thérapeute trouve alors la meilleure méthode pour avancer vers le but souhaité. Elle laisse le choix ou oriente pour que chacun trouve sa manière de s’exprimer. “Les enfants ne savent pas forcément mettre des mots sur leur maux. Pour d’autres, il est difficile de parler de leurs problèmes car les émotions sont trop fortes. Il faut alors un autre moyen d’expression. L’art peut les aider à sortir ce qu’ils ont au fond d’eux.”

Une fois le problème identifié, les séances vont permettre à l’enfant de se diriger vers plus d’autonomie. Dans les cas de grosses pathologies où l’avis d’un professionnel de santé est recommandé, l’art-thérapie peut être considéré comme un moyen complémentaire. Elle poursuit : “J’aide parfois à changer de vie. Beaucoup de personnes sont en situation de burn-out actuellement. Certains ont le besoin de dresser un bilan de leur vie”, témoigne la thérapeute. Pour un adulte, une seule séance suffit parfois pour comprendre ce qui lui arrive.

Coralie accompagne dans son analyse. Certains patients repartent chez eux avec des outils qui vont leur permettre d’aller mieux. Ceux qui sont suivis viennent généralement une fois par semaine ou une fois par mois, c’est selon. Une dizaine de séances est nécessaire pour arriver à des résultats en profondeur. Les enfants, eux, ont parfois besoin de trois à quatre séances pour se sentir à l’aise.

Le choix du matériel est important. “Certains sont plus confortables avec de la peinture ou des feutres. Ce qui est important, c’est que la personne se sente à l’aise avec une matière. Une fois, un enfant a construit une cabanes avec mes coussins. Pourquoi pas ? Du moment que ça le libère…” Elle profite pour dissiper un malentendu. Non, il n’est pas nécessaire de savoir dessiner pour souscrire à l’art-thérapie. “C’est encore mieux si on ne sait pas, car c’est l’instinct qui parle directement !”

Coralie Piat regrette que l’école n’ait toujours pas évolué. “Il y a beaucoup de problèmes d’apprentissage. Il faut avoir les outils pour les aider, les accompagner pour exprimer leurs difficultés et les démêlés pour leur bien-être”, conclut-elle.