Maggie-Rose Lamalétie

Être femme !

Du temps où elle était speakerine à la MBC, Maggie-Rose Lepois-Lamalétie irradiait l’écran. Sa prestance et son élocution, toujours remarquables, la distinguaient des autres. Mais la télévision et la vie publique, c’est fini depuis un moment. C’est à l’école Clavis, comme chef d’équipe du département de français, que cette quinquagénaire pétillante et joviale, pédagogue dans l’âme, poursuit aujourd’hui sa route, en toute discrétion, loin des regards qui autrefois la poursuivaient. Pour People, elle a accepté de renouer avec la caméra, celle de notre photographe, se livrant dans la foulée à l’exercice amusant de l’autoportrait.

Texte : Axelle GAILLARD | Photos : Brady GOORAPPA

ACCOUCHEMENTS. Un moment intime et personnel que j’ai vécu quatre fois. La naissance symbolise la séparation d’avec la mère. Quand l’enfant apparait au monde, tous les regards se dirigent non plus vers la mère mais vers cet enfant. Je pense à ce poème de Victor Hugo qui dit ceci : “Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille fait briller tous les yeux (…)”

BOIS. C’est une matière noble qui a beaucoup de charme et que je prends plaisir à façonner. Je récupère des meubles, je les ponce et leur redonne une autre âme, en gardant leur côté naturel et rustique. Ma maison ressemble à un magasin de meubles, me disent mes filles !

CUISINE. Je ne suis pas orfèvre, mais j’aime beaucoup cuisiner pour les autres. Mon plat de prédilection est le bœuf bourguignon que je laisse mijoter dans une marmite en fonte. Je mets un point d’honneur à utiliser l’outil de cuisson approprié pour chaque plat.

DOULEUR. C’est dans la douleur qu’on se construit et sur des routes sinueuses qu’on apprend à se connaitre. Cela me fait penser aux deux alexandrins du poème “La nuit d’octobre”, d’Alfred de Musset : “L’homme est un apprenti, la douleur est son maître. Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert.”

EGYPTE. Quand j’avais sept ans, mon papa m’avait offert la bande dessinée “Astérix et Cléopâtre”, puis, plus tard, les romans “Cinq semaines en ballon” de Jules Verne et aussi “Mort sur le Nil” d’Agatha Christie. Depuis, je n’ai eu de cesse de rêver pouvoir visiter l’Egypte. Ce jour est arrivé en 2019, à l’occasion d’un atelier de travail au Caire. J’ai pu faire un tour de montgolfière, visiter la Vallée des Rois et faire une croisière de trois jours sur le Nil. Je passais à l’époque par une période très douloureuse dans ma vie de femme et d’épouse et ce cadeau de la vie a été plus que bienvenue.

FONDUE. Qu’elle soit savoyarde avec le fromage ou bourguignonne avec la viande qu’on plonge dans l’huile chaude, la fondue est un moment convivial et fort agréable.

GRANDE. De taille, j’aurais aimé l’être, mais ce n’est pas le cas. C’est pour cela que je suis toujours perchée sur des talons tous les jours de ma vie. J’ai même des tennis avec des talons ! J’ai une grande voix qui porte, mais je n’ai pas la taille qui va avec… (Rires).

H. Une lettre qui est la source de beaucoup d’erreurs à la radio ou à la télévision. Le fameux “h” aspiré. Cela me dérange quand j’entends “z’haricots”, en “n’haute mer”… J’ai été speakerine pendant quatre ans à la MBC et je me suis toujours servie du dictionnaire quand j’avais un doute sur un mot. A l’heure du numérique, ce type de faute est inadmissible et inacceptable !

ISRAEL. J’ai visité ce pays quand j’avais 21 ans et je me dis que j’ai eu beaucoup de chance. Une chose régulière dans le quotidien israélien et qui m’avait alors marquée est qu’on peut entendre l’appel à la prière des juifs et des musulmans et, en même temps, le bruit des bombardements.

JAMALACS. Avec du sel et du piment. J’avais un arbre de jamalacs dans ma cour quand j’habitais sur la propriété sucrière de Bel-Etang. Les fruits croulaient sous l’arbre. Maintenant il me faut les acheter.

KILL’EM WITH KIDNESS. C’est, selon moi, la meilleure attitude possible quand on vous fait des reproches ou on vous adresse des paroles négatives.

LÂCHER PRISE. Très difficile à appliquer dans la vie de tous les jours. A mon avis, nous créons et entretenons nous-mêmes nos problèmes. Peut-être parce que cela nous donne une identité. Il n’est pas toujours possible de résoudre nos soucis du quotidien, c’est pour cela que nous devons apprendre à lâcher prise pour avancer. Et peut-être faut-il visualiser vraiment le fait de déposer son fardeau devant la croix ; accepter d’amarrer son cœur comme on dit ici, surtout quand on est maman et qu’on fait face à des décisions, à des choix.

MARGOZ. Mais accompagné de poisson salé !

NAÎTRE. Et aussi renaître sa naissance. Je pense alors à la belle chanson de Charles Aznavour, “La lumière des justes”… “La lumière c’est un bonheur incandescent qui coule en mon âme et mon sang.”

OLIVES. Ces grosses olives noires fourrées d’anchois que l’on déguste en savourant un Martini ou un verre de vin blanc. A Bel-Etang, nous avions un olivier et nous préparions des olives cristallisées que nous mettions dans de gros bocaux.

PORTUGAL. J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce pays, pour ses ruelles pavées, ses bâtiments entiers recouverts de céramiques, ses assiettes décoratives… Les valises ne sont jamais pas assez grandes pour ramener des souvenirs de là-bas !

QUATRE. J’ai quatre enfants. Je me suis sentie complète à la naissance de ma quatrième. Rachel a 26 ans, Ophélie 24, Arthur 14 et Toscane 11. Deux générations d’enfants, deux façons de voir la vie. Ce n’est pas du tout le même monde.

RÉSILIENCE. C’est un trait de caractère que je me suis découvert. Cette image du phénix qui renaît de ses cendres peut tout à fait correspondre à mon histoire. Un orage d’acier a traversé ma vie il y a trois ans. Après vingt-cinq ans de mariage, j’ai fait face à une rupture douloureuse et je suis toujours en train de me reconstruire. C’est un gros travail, mais je vais y arriver par la grâce de Dieu.

SÉRÉNADE. Celle de Franz Schubert, merveilleuse mélodie qui m’émeut, m’apaise et m’endort. Ma fille Toscane va au lit à 19h55 ; c’est sa berceuse chaque soir. Cinq minutes plus tard, elle est au pays des rêves. Quand j’entends ces notes, je me vois valser dans une belle robe avec une parure de perle…  Je me verrais bien vivre à cette période de l’histoire. Je suis en fait très romantique.

TOSCANE. J’aime beaucoup l’Italie et cette région en particulier pour le côté chaleureux de ses gens et ses paysages viticoles qui donnent envie d’y rester. C’est un peu la sensation que j’ai quand je vais à Rodrigues.

UN JOUR À LA FOIS. J’essaye de vivre ma vie au jour le jour. Je ne suis pas du genre à procrastiner.  Peut-être que je devrais le faire plus souvent au contraire, histoire de prendre un peu de recul sur ma vie, prendre plus de temps pour moi, ce qui éveillerait ma créativité et me permettrait en même temps de rendre un meilleur travail.

VRAI. Je préfère avoir affaire aux personnes authentiques qui disent la vérité plutôt que ceux qui arrondissent la vérité. Je n’aime pas les faux-semblants qui, par peur de leurs opinions, se cachent. De plus en plus, heureusement, les gens osent se livrer et assument leur liberté d’expression.

WHATSAPP. Un outil extraordinaire qui permet aux familles de se rapprocher mais aussi, paradoxalement, les éloigne… Je profite de cette technologie pour communiquer avec ma fille en France, mais je trouve dommage que parfois, dans certaines maisons, les gens communiquent via WhatsApp plutôt que de se parler en tête-à-tête.

XMAS. Le moment merveilleux qu’on attend en famille. Je vais d’ailleurs commencer à préparer mes Christmas puddings. J’aime cette période festive, même si elle me rend triste aussi quand je pense aux enfants pauvres qui n’auront pas de cadeaux ; à ceux de parents séparés qui doivent jongler entre deux familles, à ceux qui sont seuls en ce jour de fête.

YOUTUBE. La musique à portée de main, quand je veux, où je veux. Mais quand je vais chez mon papa, je ne résiste pas à son tourne disque de 1970. C’est magique d’entendre sur vinyle les chanteurs français d’autrefois.

ZÉRO TOLÉRANCE. Je ne supporte pas le désordre et la saleté et je peux passer mes journées à ranger et à faire le ménage. Je suis une maniaque de la propreté. Une personne de mon entourage me l’a dit il n’y a pas longtemps.