Pascal Laroulette

L’antidote à l’inaction

Il n’a pas le temps de discourir. Pour rester en prise avec la vie réelle, il occupe le terrain social, écologique et sportif sans arrêt. Pascal Laroulette fait partie de cette génération qui refuse le clivage entre la société civile et la politique. Il est animé du désir de sauver notre maison commune : la Nature. Son terrain de sensibilisation actuelle :  la jeunesse mauricienne, à travers les collèges. Exit les tableaux ! Chez lui, tout se conjugue en action.

Texte : Géraldine HENNEQUIN-JOULIA – Photos : Brady GOORAPPA

Issu d’une double formation en économie et en comptabilité, Pascal Laroulette a troqué il y a quelque temps la chemise-cravate que lui imposait jusqu’à récemment son poste dans un établissement bancaire local pour ses chaussures de montagne et son sac de survie. Il a choisi de quitter sa zone de confort pour un chemin traverse ! Tout laissait déjà présager cette mutation ! D’ailleurs, la première question qui m’était venue lors de notre rencontre avait trait à une possible contradiction entre son attachement au développement durable et l’exercice de son métier au sein d’un secteur faisant battre le cœur du néo-capitalisme. “Je suis un passionné de l’économie sur le principe de l’abondance”, m’avait-il répondu tout de go. Serait-il de cette infime minorité qui, suivant les grands penseurs tels Aristote, a compris que l’économie est un moyen et non pas une finalité ?

En attendant, je l’avais écouté aligner ses projets concrétisés depuis une dizaine d’années pour tenter de bien cerner son périmètre d’actions. C’est que Pascal Laroulette a une vie en mille-feuille. Issu d’une famille très modeste de la banlieue de Port Louis, le jeune écologiste a grandi entre une maman amoureuse des plantes et un papa mécanicien de métier. Il va quitter Maurice quelques années pour des études supérieures en France. Puis, diplôme en poche, il rentre retrouver sa terre natale avec une conviction chevillée au corps : celle de protéger les ressources de l’île et de conscientiser sur une urgence à produire de façon durable comme de consommer autrement. Vaste programme !

Mais lui a la suite dans les idées et va lancer en 2013 le concept qu’il appellera “Doing small things with great love” ! Pascal explique que “le principe est de commencer par des petites actions individuelles pour donner du sens au bien-être collectif”. Il poursuit : “C’est en ce sens que je me suis engagé auprès de l’organisme social Lacaz A, dont les bénéficiaires sont principalement des toxicomanes, des prostituées, des femmes battues et des enfants abandonnés. Ma première action était de lever des fonds. J’ai allié cette démarche à ma passion pour les défis sportifs. J’ai réalisé un saut en parachute et médiatisé l’événement pour lancer un appel à la solidarité.”

Pascal enchainera d’autres actions de la sorte avec un saut de 216 mètres à l’élastique à Bloukrans Bridge, en Afrique du Sud, pour apporter de l’eau au moulin du projet “Hope”, qui venait en soutien à TIPA, une organisation non-gouvernementale qui s’occupe d’enfants nécessiteux.

Dans cette même veine, pour concilier son engagement citoyen et sa passion des activités sportives, il s’est lancé l’année dernière à l’assaut des vingt plus hauts sommets de Maurice en douze jours et en autosuffisance, afin de récolter les dons pour transformer Lacaz A en une maison d’accueil écologique. L’opération, appelée le “Twenty Peaks Challenge”, a été très suivie médiatiquement et a même valu au reporter de la télévision nationale Ritvik Neerbun un prix (Développement durable) lors de la soirée des récompenses organisée en février 2020 par le Media Trust.

Pascal avait pour objectif, avec ce défi, de diffuser un message à la population mauricienne sur chaque sommet atteint afin de conscientiser chacun sur notre avenir commun en bleu (mer) et vert (nature). “La finalité du message est assez simple”, confie-t-il. “No Nature = No Future” ! Il a remis cela l’année dernière avec son défi “Dix sommets pour sauver nos coraux” dans lequel il a entraîné trois jeunes.

En parallèle, Pascal Laroulette s’était engagé “Projet de société”, développée par le sociologue Malenn Oodiah. Au sein de ce collectif, il a entrepris nombre d’actions ambitieuses. Ainsi avait été lancée l’idée assez folle, disons-le, de planter 100.000 arbres à Maurice en 2019. Avec toute l’équipe et les partenaires qui avaient décidé de suivre le projet, cet objectif assez incroyable était devenu tout à coup parfaitement réalisable. En même temps, avec le groupe, il avait lancé le projet appelé “Zardindrome”. Comme son nom l’indique, il s’agit de faire pousser des légumes dans les tonneaux appelés communément dromes pour une culture sans pesticides, raisonnée et en saison. Ainsi, quelques mille familles ont été encouragées et conseillées à ce niveau.

Cet habitant de Pointe-aux-Sables s’est aussi positionné comme le “Monsieur Gourde” de Maurice. Ça, c’est son combat contre le plastique à usage unique. A bas les bouteilles d’eau en plastique, les “take-away” en polystyrène et autres couverts en plastiques. A travers de multiples actions et communications, Pascal encourage les Mauriciens, surtout les jeunes, à adopter l’usage d’une gourde.

D’autres initiatives individuelles ou conduites en groupe ayant trait à l’esthétisme et à l’art, notamment à la photographie, se sont rajoutées comme des petites perles aux actions de ce jeune papa d’une petite fille de deux ans et qui est bien décidé à apporter sa part à la transition inévitable qui guette les économies du monde.

Dans cette course contre la montre pour ne pas poser uniquement des rustines sur l’urgence environnementale qui nous guette, Pascal Laroulette a choisi son camp. Evidemment, il fait écho aux propos d’un des auteurs qu’il admire, Stephen Covey, qui a consacré sa vie à démontrer de façon à la fois profonde et simple comment chaque individu pouvait devenir maître de sa destinée. Covey dit ceci : “La vie ne se résume pas à l’accumulation, mais elle tient de la contribution.” Les actions de Pascal Laroulette s’inscrivent définitivement en ligne avec cette pensée.