ENTREPRENEUR’S BREAKFAST

S’unir pour affronter la crise

Pour aider les entrepreneurs à trouver des débuts de solutions à la grave crise économique que le pays traverse, le Centre de Chirurgie Esthétique de l’Océan Indien organise, chaque samedi, un Entrepreneur’s Breakfast. L’occasion, pour les participants, d’échanger des idées et se sentir moins seuls. Du networking cinq étoiles.

Texte : Jean-François LECKNING

Rencontrer d’autres entrepreneurs et s’ouvrir de nouvelles portes. Partager son expérience et son vécu dans les affaires. Confronter ses idées, mettre à l’épreuve ses certitudes et apaiser ses inquiétudes. Et puis, surtout, voir comment on peut, ensemble, essayer de traverser sereinement la crise économique qui nous frappe depuis que le Covid est passé par là. Tel est l’objectif du Entrepreneur’s Breakfast qu’organise chaque samedi, et pour quelques semaines encore, le Centre de Chirurgie Esthétique de l’océan Indien dans sa maison d’accueil de Trou-aux-Biches.

Samedi dernier, ils étaient une dizaine d’entrepreneurs à avoir répondu favorablement à l’invitation de Gérard Guidi et de Raphael Bax, les directeurs du centre. Entre deux cafés et quelques croissants, ils ont eu l’occasion, le temps d’un exposé, de faire découvrir aux autres leurs activités et d’expliquer comment cet interminable confinement les a obligés à se réinventer et s’adapter pour survivre.

L’un des exposés qui a retenu le plus l’attention est celui de Mike Muraz, directeur de Mataora, agence spécialisée dans les stratégies de marques, le marketing et l’événementiel. A travers une présentation PowerPoint bien pensée,  il a su vendre l’idée qu’une entreprise qui accorde de l’importance à son identité visuelle et sait utiliser l’ensemble des canaux à sa disposition pour maximiser sa communication digitale a aujourd’hui une longueur d’avance sur la concurrence, même par temps de crise.

A l’origine, l’année dernière, du Club des Cents, une initiative parallèle qui visait à connecter de jeunes entrepreneurs, Mike Muraz est persuadé que ce genre d’initiatives ne peut qu’être bénéfique à tout le monde, à court, moyen et long termes. « Au lieu de se faire la guerre pour se disputer quelques miettes sur un territoire aussi réduit que Maurice, il est urgent que les entrepreneurs comprennent qu’il est dans leur intérêt de s’unir, de s’entraider, de créer une grande chaîne qui ne fera qu’augmenter le niveau de services et de compétences, ce qui, au final, profitera à tous. Il y a assez de travail pour tout le monde si on arrive à développer la notion de complémentarité », a-t-il expliqué.

Un networking utile

Directrice de La Gazette, magazine gratuit distribué à 10 000 exemplaires sur plus de six-cent points de dépôts à travers l’océan Indien, Françoise Salord a apprécié l’expérience de ce petit déjeuner convivial entre entrepreneurs. « C’est porteur pour tout le monde, on y gagne tous au change. J’espère que cette initiative du CCEOI sera pérennisée. » Pour justifier son point, elle dit avoir fait la connaissance samedi d’un entrepreneur dont l’activité, a-t-elle trouvé, est à la fois sympa et originale. Elle a proposé de l’aider à vulgariser ses services en lui consacrant un article dans une des prochaines éditions de La Gazette.

Dans l’incapacité de faire paraître son journal pendant le Covid, Françoise Salord en a profité pour lui donner un coup de neuf. Adieu la version tabloïd d’une autre époque, place à un magazine de format A5 sur papier glacé plus à même de véhiculer une meilleure image de ses annonceurs. Si elle admet avoir été impactée par le Covid et trouve que les annonceurs sont plutôt frileux par les temps qui courent, elle se dit néanmoins plutôt sereine pour la suite. « Il faut relancer la machine, s’accrocher (…) Dans ce métier, le relationnel compte beaucoup. Il y a un contrat de confiance qui s’établit au fil des années. »

Courtier en assurances qui s’est diversifié dans l’immobilier, Laurent Tyack dirige Seeff Properties depuis 2005 et a obtenu l’année dernière la carte du géant français Orpi. Résolument tourné vers le marché français, qui représentait un pourcentage non négligeable de l’ensemble des transactions immobilières à Maurice jusqu’au mois de mars, il n’a eu d’autres choix que de réorienter son activité avec la fermeture des frontières et le traumatisme économique provoqué par le confinement. Désormais, il compose avec le marché local et propose à sa clientèle des produits adaptés à leurs besoins mais surtout à leurs moyens.

Il ne regrette pas d’avoir répondu favorablement à l’invitation du Centre de Chirurgie Esthétique de l’océan Indien pour ce petit-déjeuner qui lui a permis, entre autres, de rencontrer Mike Muraz et de trouver une solution à ses besoins en termes de marketing et de communication.  « Dans le monde des affaires, le networking est inévitable. Cela permet de rencontrer de potentiels clients, mais aussi faire du B to B », se réjouit Laurent Tyack.

Le CrossFit, c’est la spécialité de Sébastien et Sophie Caillaud, qui sont les seuls, à Maurice, à avoir la carte de la société mère, CrossFit Inc. Formule d’entraînement croisé qui combine l’endurance, la force et la souplesse, cette pratique sportive a fait des adeptes à Maurice. Il se pratique dans un box adapté, à The Vale. Ancien inspecteur de train employé par la SNCF, Sébastien en était déjà passionné du temps où il vivait en France et l’a fait découvrir à son épouse Sophie, qui était pour sa part psychologue en entreprise. Des métiers contraignants qui les ont encouragés à tourner le dos à venir s’installer à Maurice en quête d’une vie meilleure. Ils vivent désormais de leur passion commune, le CrossFit, dont Sébastien est un moniteur diplômé.

Tout allait bien jusqu’à ce que le Covid ne pointe le bout du nez. « Du jour au lendemain, des clients ont arrêté de payer leur abonnement. Certains avaient perdu leur emploi, d’autres faisaient face à d’importantes réductions salariales. Forcément, dans ces conditions, le CrossFit devenait secondaire pour eux », regrette Sophie. Pour entretenir les clients demeurés fidèles, Sébastien a eu l’idée de mettre en ligne, quotidiennement, des vidéos d’entraînements qui ont eu le mérite d’éveiller la curiosité d’autres internautes. « On a perdu des clients, mais on en a retrouvé d’autres », se félicite Sophie, qui a repris le chemin de sa box le 15 juin.

Une leçon pour tout le monde

Elle dit avoir retenu une leçon de l’expérience du Covid. « On doit notre survie au fait qu’on avait mis un peu de trésorerie de côté, ce qui nous a permis d’affronter plus sereinement ces trois mois sans rentrée d’argent. Quand on est entrepreneur, on est souvent tenté de réinvestir dans des nouveaux équipements. Le confinement nous a fait comprendre qu’il est aussi important d’épargner pour pouvoir affronter les temps durs. »

Corinne Dailland, propriétaire et gérante du magasin de vêtements 69 Slam, sis au Sunset Boulevard à Grand-Baie, a beaucoup aimé prendre le petit-déjeuner avec d’autres entrepreneurs qui, comme elle, ont eu à affronter la tempête. « Je tiens à féliciter le Centre de Chirurgie Esthétique de l’océan Indien pour cette magnifique initiative. Je suis tombée sur des entrepreneurs plein d’enthousiasme. L’échange a été riche, porteur d’espoir. C’est une grande source de motivation pour tout le monde. »

Corinne avoue que 69 Slam a aussi été grandement impacté par cette crise sans précédent.  «Comme tous les commerces, on a dû baisser les rideaux. L’arrêt a été plus brutal. La fin du confinement n’a pas réglé le problème parce que les touristes constituaient une part non-négligeable de notre marché. Aujourd’hui, nous sommes résolus à nous adresser davantage à la clientèle mauricienne, d’où notre décision de revoir notre stratégie de communication et de l’adapter à leurs besoins », confie-t-elle. Mais à toute chose malheur est bon. « J’ai été agréablement surprise par l’élan de solidarité que le Covid a généré. Nos clients les plus fidèles ont tenu à nous témoigner de leur soutien par de petits messages touchants à travers lesquels ils nous disaient qu’ils étaient de tout cœur avec nous et qu’ils reviendraient nous voir aussitôt le magasin rouvert, ce qu’ils n’ont pas manqué de faire. Ça nous a permis de garder le moral. »

Le moral, c’est précisément ce qu’il faut à tous les petits entrepreneurs par ces temps difficiles où l’entraide, la solidarité et surtout l’ingéniosité sont les seules bouées de sauvetage disponibles.

Si vous êtes entrepreneurs et que vous souhaitez, vous aussi, participer à ces petits–déjeuners du samedi matin, merci de vous adresser à Yulings Quessy, la responsable marketing du Centre de Chirurgie Esthétique de l’océan Indien sur le 265-5050.