Sandrina Arnassalon
LA MODE DANS LA PEAU !

Sandrina Arnassalon est chef de projet junior pour le compte d’une boîte de communication digitale basée en France. Son temps libre, elle l’emploie à se perfectionner dans sa passion première : la mode. Elle y est attachée depuis son enfance, mais ce n’est que récemment qu’elle s’est jetée corps et âme dans le styling, la filière qui lui convient le mieux. Ce qu’elle a commencé à expérimenter toute seule, dans sa salle de bains, nourrit aujourd’hui sa plus grande ambition : travailler dans la mode à plein temps.

Texte : Yianna AMODINE

La première fois que j’entends parler de Sandrina Arnassalon, on me dit qu’elle fait du styling et on me conseille d’aller jeter un coup œil sur un projet photographique sur lequel elle a récemment collaboré. Ces photos sont époustouflantes ! Elles mettent en scène, dans la rue, le mannequin Aylasha Ramrachia, vêtue d’une robe de soirée colorée et élégante rappelant un sari de fête, avec des bijoux imposants et des fleurs dans les cheveux. Deux questions me taraudent : quel rôle Sandrina a-t-elle joué dans cette séance photos ? En quoi au juste consiste le styling ? Et je compte bien le lui demander dès que je la rencontre ! Lorsqu’elle arrive à notre rendez-vous – ordinateur portable à la main, habillée façon casual-chic avec des bijoux pour relever sa tenue, coiffure et maquillage impeccables – je me fais déjà une petite idée de ce qu’est le styling… Et quand elle me dit que cela consiste à faire des assemblages – de vêtements et d’accessoires – afin de créer un style harmonieux, je vois très bien de quoi elle parle.

Inspirée par la femme

Sa passion pour la mode s’est manifestée très tôt, grâce à sa maman qui, d’une part, voyait qu’elle était douée pour le maquillage et l’encourageait en ce sens et, d’autre part, lui conseillait d’agrémenter ses tenues de paillettes et autres accessoires. Au collège, Sandrina se découvre des talents artistiques, notamment pour la peinture et le dessin. A l’époque, le sujet qui l’inspirait le plus était la femme. Elle opte néanmoins pour des études en communication car le côté créatif des réseaux sociaux, mêlé au côté formel de la gestion de projet, lui plaisent aussi. La jeune femme nous avoue qu’elle a failli tout stopper au bout de deux ans pour entamer des études de stylisme, mais elle s’est finalement ravisée, préférant aller au bout de sa licence en communication.

Ce n’est que bien plus tard, il y a un an, que son désir de travailler dans la mode la rattrape… grâce à ses selfies postés sur Facebook qui attirent une multitude de likes et de commentaires flatteurs ! Un de ses amis lui propose de poser pour des photos de mode. Intriguée, elle accepte et commence à travailler sur des concepts. “Je ne pose jamais pour rien ! Je cherche toujours à exprimer quelque chose”, nous dit-elle.

Cette année, elle décide de poursuivre sa passion et de se lancer dans le styling, car c’est dans cette filière qu’elle est dans son élément. Petit à petit, l’oiseau fait son nid et Sandrina commence à contacter des amis maquilleurs, photographes et mannequins. Elle développe avec eux des concepts originaux et travaille notamment sur des thèmes tels le mariage, les styles indien ou encore arabe. Aujourd’hui, ce sont les magasins et d’autres acteurs de la mode, à Maurice comme à l’étranger, qui la contactent.

Entre Orient et Occident

La jeune femme déplore cependant le manque de réceptivité de certains magasins à Maurice, qui ne voient pas encore l’utilité du styling. Mais elle reste optimiste au vu de l’évolution du secteur qui devient de plus en plus compétitif. “Il y a de plus en plus de gens qui débutent dans le styling et certains font du très bon travail.” Sandrina, elle, cherche avant tout à se démarquer de par son style différent et elle y arrive haut la main ! Perfectionniste, elle y consacre tout son temps libre et, cette année, elle a pu atteindre ses objectifs : travailler sur un maximum de photoshoots et d’expérimentations. Elle s’est aussi lancée dans le styling pour hommes, avec la marque d’accessoires “Call Him Dude.”

Ce que Sandrina aime par-dessus tout, c’est décliner la culture mauricienne à toutes les sauces. Admirative du style vestimentaire indien, elle s’en inspire afin de créer des looks originaux, entre l’orient et l’occident. Elle admire, entre autres, le styliste indien Sabyasachi Mukherji pour ses créations, mais aussi pour son humanisme. Les films et séries indiens l’inspirent, eux, pour les bijoux. D’ailleurs, si Sandrina devait se lancer dans la création, elle créerait des bijoux – casual, chics et imposants, avec des matériaux originaux qui apportent une touche unique. Cependant, elle ne reste pas dans ses acquis et essaie d’expérimenter des styles divers. Les looks audacieux à tendance grunge l’attirent également. “C’est que je m’inspire de tout !”, s’empresse-t-elle de préciser.

“La mode n’a pas de normes”

Son style à elle, qu’elle définit comme étant “Indo-Western” (ou tout simplement mauricien), dépend de plusieurs facteurs : son humeur, le temps, le lieu où elle se rend, son inspiration du moment. Elle ne suit pas trop les tendances car, pour Sandrina, “ la mode n’a pas de normes.” Elle cherche avant tout à se démarquer et à s’éloigner du déjà vu – tout comme pour les photoshoots sur lesquels elle collabore.

Notre conversation se termine par une note d’humour. Sandrina se rappelle de ses années d’adolescence, quand sa mère lui reprochait de passer trop de temps dans la salle de bains ! Ou encore des nombreuses fois où sa petite sœur la charriait à cause de son amour inconditionnel pour les accessoires. Ce sont justement ces “gestes”, comme elle les appelle, qui l’aident aujourd’hui à styler des gens, que ce soit des mannequins ou ses amis, qui lui demandent très souvent des conseils. “Je suis honorée lorsqu’on me sollicite. Si j’arrive à en faire mon métier un jour, je serai aux anges.”