Laurent d’Unienville

“Aide-toi, le ciel t’aidera”

Il y a un an, Laurant d’Unienville et sa petite tribu avaient parcouru 344 kilomètres à pied pour lever des fonds pour l’ONG Link To Life. Une épopée qui avait défrayé la chronique. Depuis, ce survivant du cancer est retournée dans sa bulle. Son portrait chinois.

Texte & photos | Florence GUILLEMAIN

Laurent d’Unienville s’est battu avec courage contre un cancer en 2015. Soigné en France, il a mis un an avant de reprendre ses activités. Après le premier confinement, l’année dernière, il s’est mis en tête de réaliser son rêve : faire le tour de Maurice à pied et en famille et profiter de l’occasion pour sensibiliser les Mauriciens sur la terrible réalité du cancer. Pour venir en aide à l’ONG Link to Life qui soutient les cancéreux en difficulté, Laurent s’est aussi engagé à récolter des fonds.

Le 24 août 2020, ce courageux père de famille a entamé son tour de l’île à pied avec sa femme Amélie et ses deux garçons, Raphaël, 10 ans, et Victor, 8 ans. Une épopée de trois semaines relayée dans la presse et qui a tenu en haleine les Mauriciens. Tout au long des 344 kilomètres, la famille d’Unienville a tissé des liens avec leurs compatriotes ; ceux chez qui ils ont dormi, mais aussi ceux qui ont tenu à parcourir un bout de chemin à leurs côtés. Cette extraordinaire aventure humaine et physique a été récompensée comme il se doit puisque la famille d’Unienville a relevé le beau pari de rapporter plus d’un million de roupies à Link to life. En attendant de partir vers d’autres conquêtes, Laurent d’Unienville a accepté de se prêter à l’exercice du portrait chinois.

UN SPORT. La voile. J’aime l’idée de traverser l’océan. On a une sensation de liberté extrême que l’on ne retrouve dans aucune autre discipline. J’ai touché à de nombreux sports nautiques dont le windsurf à haut niveau, mais aussi le kitesurf et le ski nautique. J’ai participé à deux Jeux des îles en planche à voile et réalisé un Tour de Maurice en Hobby 16. J’ai aussi été manager d’un boat house. J’adore la mer.

UNE DATE. Le 16 février 2015. Le jour où on m’a annoncé que j’avais un cancer. Cette nouvelle a changé ma vie à jamais. Ma vie a basculé. Un virage à 180 degrés.

UN ANIMAL. Un gorille, car il protège sa famille coûte que coûte. Aussi, il dégage une grande force.

UN PAYS. L’île Maurice, car elle mélange toutes les cultures. C’est pour moi un modèle d’unité. J’aime aussi son histoire.

UN OUTIL. Internet, car ça représente la modernité, l’accès à l’information, la communication… Tout découle d’internet aujourd’hui.

UN ENDROIT ZEN. Au fond des gorges de Rivière-Noire, car l’endroit est d’une tranquillité remarquable. C’est parfait pour se retrouver seul et se ressourcer.

UNE RANDONNÉE. Le tour de Maurice à pied, qui nous a permis de découvrir des endroits que je n’avais jamais imaginé, car méconnus ou difficiles d’accès. Humainement et physiquement, ce tour de l’île a été très riche. La randonnée est une passion. Nous avons parcouru quinze kilomètres par jour. L’aventure a duré trois semaines. En fait, c’était un rêve de toujours. Après le premier confinement, nous avions une soif de voyage et d’aller vers les autres. C’est après une rencontre avec l’ONG Link to Life que l’idée a fait son chemin. L’association avait besoin de Rs 300,000. En deux jours seulement, nous avions déjà atteint cette somme. Contre toute attente, nous avons pu récolter plus d’un million de roupies pour l’association. Nous n’avons jamais été fatigués, ni démotivés ; c’est grâce à ceux qui nous ont portés, certains nous accompagnant chaque jour pour quelques kilométres. Ils ont eu un rôle de booster. Cette générosité nous a beaucoup touchés, ma famille et moi.

UN VÊTEMENT. Un tee-shirt. C’est léger, facile à mettre et surtout ça sèche vite.

UN OBJET. Un sac à dos de 70 litres et pesant 25 kilos que j’ai transporté durant notre tour de l’île. Mes épaules ont souffert. Un sac qui me suit partout, dans tous mes voyages et pour cet événement évidemment.

UNE QUALITÉ HUMAINE. La sagesse. Parce que je suis très réfléchi et que je prends beaucoup de temps avant de prendre une décision importante.

UN MÉDICAMENT. Ayo, je déteste les médicaments ! Alors plutôt un antioxydant.

UN PERSONNAGE HISTORIQUE. Robert Surcouf. C’est une légende, un corsaire qui a sauvé les habitants de Port-Louis de la famine, mais beaucoup de gens ne le savent pas. Il a écumé les mers pendant vingt ans. Il a pillé des bateaux marchands et distribué des denrées à la population. Il aurait dû avoir sa statue à Port-Louis.

UN MOYEN DE TRANSPORT. Le vélo électrique, un moyen écologique, rapide et sain. Après mon cancer, j’ai décidé de changer de métier. Je travaillais dans la construction, mais j’étais trop stressé. Un ami m’a conseillé de faire du vélo électrique pour me remettre en forme. Ça m’a beaucoup aidé. En septembre 2015, j’ai lancé Electrobike Discovery avec cinq vélos. Nous étions les premiers à proposer ces vélos sur l’île. Le projet a plu et j’en ai commandé plus ! C’est un métier qui me convient ; c’est devenu une vraie passion.

UN FILM. “Rocky.” A l’époque, c’était légendaire….

UNE CITATION. “Aide-toi et le ciel t’aidera !”

UN MÉTIER. Agriculteur. Un retour aux sources. La satisfaction de produire des fruits et des légumes pour nourrir les autres est extrêmement forte. Avec la Covid, le monde a basculé et nous avons observé que nous étions loin du compte en matière d’auto-suffisance alimentaire. Depuis, nous avons accueilli des animaux dans notre jardin et avons développé un potager. Nous avons un projet de ferme et d’écolodge à Bel-Ombre.

UN INDISPENSABLE. Une boussole. J’ai pourtant un sens de l’orientation plutôt bien développé. La boussole indique le bon chemin à suivre et me caractérise vraiment.

UNE QUALITÉ. Je suis un “sauveur.” (Rires). Je ne sais pas si c’est le bon mot, mais j’aime aider les autres. Si quelqu’un est en train de travailler à côté de moi, j’ai besoin de l’aider, de mettre la main à la pâte. J’en fais même parfois plus qu’il n’en faut.

UN PLAT. Le curry de cerf ou de poulet. Lorsque j’étais hospitalisé à Paris pour me soigner, j’ai eu une terrible envie de curry. Un taxi mauricien m’a finalement amené dans un restaurant mauricien dans le Marais pour en manger. Toute la diaspora était présente (Rires). J’étais vraiment en manque.

UN JEU. Les échecs, qui allient stratégie et réflexion. J’ai beaucoup joué et je le fais encore avec mes enfants. J’adore. Comme dans la vie, il faut beaucoup observer et analyser les risques autour. Tu perds si tu ne sais pas anticiper….

UN HABITAT. Une cabane en bois au milieu de la nature. J’aimerai vivre dans une maison simple. La discrétion et la simplicité me vont très bien. Je n’aime pas attirer les regards sur moi.

UN MÉDECIN. Un psychologue. Je serais bien incapable de faire de la chirurgie par exemple. Aider à travers des mots me paraît plus simple.

UNE MONTAGNE. Le Morne par rapport à son histoire et La Tourelle par ce que je suis né à Tamarin et qu’elle est devant moi tous les jours.

UNE PLANTE. Un ébénier rouge car il est devenu rare. On en a replanté à Ferney heureusement.